Viva l’attente … Pierre Corbin, artiste-peintre, co-fondateur des galeries d’art Frère Jérôme et Lézart. Entrevue pour le fanzine Le lys d’Or

Pierre Corbin est l’un des premiers bohèmes à avoir prôné la libre pensée et la libre expression à Montréal. (1) Quatorze ans plus tard, il devint l’instigateur de la galerie Frère Jérôme sur la rue St-Denis. Lorsque cette première belle aventure se termina en 1985, avec l’aide de ses ami(e)s, Pierre Corbin décida de conserver le local et d’y fonder la galerie Lézart. Comme il le dit si bien : « Y’a juste les monuments qui ne bougent pas », cette galerie fut à l’image de son fondateur : bohème et porteuse d’explosions créatrices. Conçue principalement pour la relève, Lézart fut un lieu propice à l’éclatement des couleurs et un endroit où les rencontres se fusionnaient au rythme des passions. Lorsque la réalité dépasse les apparences …

Pierre Corbin – Viva l’attente …

Une entrevue pour Le lys d’Or (avril 1993)

Monsieur Corbin, quelle est l’exposition qui a le plus gravé votre mémoire ?

Celle du 20ième anniversaire du Sgt Pepper’s lonely heart club band des Beatles. On a réussi à réunir 35 artistes différents lors de cette exposition, allant de la petite Julie (12 ans) au frère Jérôme (85 ans) en passant par PDG, Armand Vaillancourt et Serge Lemoyne. Ce fut un grand succès autant du côté médiatique que du côté public.

On a eu des critiques du peintre Roger Alexandre. Celui-ci disait qu’on n’était pas en retard dans les nouvelles par rapport à l’Europe. D’ailleurs, quand je suis allé à Paris, j’ai constaté qu’ils avaient besoin d’une galerie québécoise là-bas.

D’après vous, qu’est-ce qui a causé la fermeture de la galerie Lézart ?

Son expérience était acquise. Je pense que lorsqu’une dizaine de peintres sont capables de tenir une galerie et d’exposer constamment, c’est le temps de laisser cette expérience de côté et de continuer chacun pour soi sa carrière personnelle. C’est comme les enfants… un moment donné les enfants sont devenus trop grands pour la maison.

Il fallait sortir à l’extérieur, alors je ne pouvais pas être à deux endroits à la fois. J’ai fermé la galerie pour voyager, puis pour aller exposer mes tableaux plus loin, quitte à inviter les peintres que j’avais autour de moi à l’époque. Alors je suis parti explorer Paris et j’y ai tâté le terrain. C’est très difficile Paris, disons que ça a pris deux ans avant de pouvoir y exposer, mais maintenant j’ai en main de très bons contacts.

A quel endroit avez-vous exposé à Paris ?

Aux Halles. (2) Je considère que cette exposition fut un succès, d’autant plus qu’elle eut lieu en plein mois de janvier (1992).

Je crois que vous avez un tableau exposé au musée commémoratif des Jeux olympiques de Séoul. Est-ce vrai ?

C’est vrai qu’il va falloir que je sois mort avant que ça se sache (rires). Je suis très heureux d’exposer un tableau sur un territoire international de 132 pays. C’est mon ami, Daniel St-Hilaire, qui l’a remis de main à main au maire du village olympique, Kim Yong-Shik. Celui-ci a d’ailleurs déclaré que “cette oeuvre représentait le puissant contraste entre le noir et le blanc”. (3) Cette peinture à l’huile mesure 3,8m sur 1,68m… C’est comme un graffiti en vénusien.

Qu’est-ce que vous voulez dire “en vénusien” ?

Ça veut dire qu’il y a une planète d’amour qui est venue parler de paix à la Terre.

Vous avez un autre projet d’exposition pour bientôt ?

Oui. Présentement je prépare une exposition qui aura lieu en septembre prochain à Neuchâtel en Suisse.

Travailler dans une galerie d’art pendant 8 ans, c’est l’équivalent de faire du temps [en prison]. Alors je me suis fixé un autre but, celui de me payer une exposition dans un pays différent chaque année, le reste de mes jours. Mon objectif… faire le tour du monde.

– Entrevue de Guy Boulianne
(publiée dans le Lys d’Or, 1er avril 1993).

L’entraîneur Daniel St-Hilaire remet une oeuvre de Pierre Corvbin au Ministre des Affaires étrangères et Maire du village olympique de Séoul, Kim Yong-Shik (1988).

Une huile destinée à la Paix remise au maire du village

The Seoul Olympic Villager, September 23, 1988

Un des entraîneurs canadiens, Daniel St-Hilaire n’est pas ici uniquement pour les médailles. « Ma mission, qui n’est pas moins importante que les médailles est d’apporter une oeuvre d’art à quelqu’un qui est capable de l’apprécier comme étant un message de paix », a déclaré St-Hilaire mercredi.

Il a donné une peinture à l’huile qui mesure 3,8m sur 1,68m au maire du village Kim Yong-Shik, lors de sa visite mercredi matin.

Pierre Corbin, un artiste de Montréal et ami de St-Hilaire a exécuté cette peinture abstraite inspirée par des calligraphies chinoises a affirmé St-Hilaire. « Je ne connais pas grand chose au monde de l’art. Mais mon ami Corbin m’a dit que son travail était censé représenter la paix sur la terre et j’ai été d’accord pour porter ce message », a-t-il déclaré.

« La paix et l’entente sont réellement présentes ici à Séoul et nous devons faire quelque chose pour elles », a-t-il indiqué.

St-Hilaire a quitté Montréal le 10 août et ces dernières semaines durant lesquelles il a transporté l’oeuvre de son ami entre Vancouver, Honolulu, Los Angeles, Tokyo et Séoul ont été sans répit. « Je ne pouvais pas la transporter dans mes bagages et j’ai du la porter tout le long du chemin. Mais je me suis senti récompensé lorsque le maire Kim a déclaré que cette oeuvre représentait le puissant contraste entre le noir et le blanc », a-t-il conclu.

Cette peinture sera exposée d’une façon permanente dans le musée commémoratif des Jeux à l’heure actuelle en construction.


NOTES :

  1. Solange Gagnon : « Rue Saint-Denis. Une nouvelle bohème qui ne ne se veut pas du monde des hippies ». Photo-journal : tout par l’image, mercredi 22 mai 1968, pp 4 et 7.
  2. 36 rue Montorgueil, Paris.
  3. The Seoul Olympic Villager, 23 septembre 1988.

Anthologie2020PUB007

Juliette Bryant
5

« Merci beaucoup Guy !! Merci beaucoup pour la traduction ! Je vais partager tout de suite. Vous avez fait un travail incroyable, merci encore beaucoup. » 🌟

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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs Authorsden aux États-Unis, de la Nonfiction Authors Association (NFAA), ainsi que de la Society of Professional Journalists (SPJ). Il adhère de ce fait à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).

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Jocelyne

Salut Pierre,
Enfin une reconnaissance de ton talent . Après les Jeux de Séoul, pourquoi pas Les Olympiques de Vancouver ! J’ai d’ailleurs une bonne toune comme thème “Je m’imagine, Un monde de lumière, Un univers sans guerre, Ou l’amour est loi…’

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