L’IMAGE CI-HAUT — Charles-René d’Hozier : « Armorial général de France », dressé, en vertu de l’édit de 1696. Manuscrit 1701-1800, page 98. Le blason de Claude-Joseph Bolian (de Bouillane), avocat au Parlement de Dauphiné.
Les Bolian furent l’une des principales familles bourgeoises de Paladru. Si nous en croyons André Lacroix (Bulletin de la société d’archéologie et de statistique de la Drome, tome 12, 1878), les Bolian ou Boulian, ou encore Bouillan, de Paladru, appartiendraient à la famille des de Bouillane dont ils seraient l’une des branches. Les de Bouillane et de Richaud sont les descendants des deux bûcherons du Diois, dans la Drôme, qui sauvèrent un Dauphin des griffes d’un ours, furent pour cet exploit, ennoblis, sinon enrichis. On leur donna ou ils choisirent des armes parlantes : leur écusson portait “une patte d’ours d’or mise en bande”.
Quoi qu’il en soit, les Bolian, sans la particule, apparaîssent seulement, à Virieu d’abord, au XVIe siècle, où ils sont qualifiés de marchands et possèdent un domaine tout près, à Blandin ; à Paladru, ensuite, au commencement du XVIIe siècle, dans la personne de Guillaume et de Clément Bolian, deux frères. (Bulletin paroissial de l’Abbé Millon, distribué entre 1932 et 1935)
D’après le site internet House of Names, le nom Bolian est parvenu en Angleterre avec les ancêtres de la famille Bolian lors de la conquête normande de 1066. La famille Bolian vécut dans le Lincolnshire et d’autres régions à travers la Grande-Bretagne. Le nom de cette famille, cependant, ne fait pas référence à ces lieux, mais plutôt à Boulogne, en France. Sa devise est “E Rege et victoria” (Le Roi et la victoire).
C’est seulement depuis quelques centaines d’années que la langue anglaise a été normalisée. Pour cette raison, les noms anglo-normands comme Bolian sont caractérisés par de nombreuses variations orthographiques. Les scribes et les moines du Moyen Age orthographiaient les noms phonétiquement. Il est donc fréquent de trouver plusieurs variantes qui se réfèrent à une seule personne. Comme la langue anglaise a changée et qu’elle a incorporé des éléments d’autres langues européennes, comme le français normand et le latin, même les personnes lettrées ont régulièrement modifié l’orthographe de leurs noms. Les variations du nom Bolian comprend : Bullen, Bulen, Bullan, Bulloyne, Bouleyne, Bulleyn et beaucoup plus (Forebears).
Le nom Bolian s’est retrouvé dans divers comtés à travers la Grande-Bretagne. La plus ancienne inscription du nom semble être Gilebert de Bollon dans le Northumberland, en 1168. Plus d’un siècle plus tard, le Rotuli Hundredorum de l’an 1273 énumérait : Pharamund de Boloynne dans le Buckinghamshire; Richard de Boloyne à Somerset; John de Boloyne dans le Cambredge; et Thomas Boloyne dans l’Essex. Fait intéressant, les rouleaux répertorient également Simon, comte de ‘Buloyne’ comme résidant à Oxford. Dans l’Histoire de Norfolk, Simon de Boylen a été inscrit à la même époque. Certains membres de la famille Bolian ont immigré en Irlande.
Face au chaos qui sévissait en Angleterre à cette époque, de nombreuses familles anglaises se tournèrent vers les frontières ouvertes du Nouveau Monde avec ses possibilités d’échapper à l’oppression et à la famine. Les gens ont immigré en masse vers l’Amérique du Nord, ainsi que l’Australie et l’Irlande, payant des tarifs exorbitants pour le voyage, à l’étroit et sur des navires dangereux. Beaucoup de colons n’ont pas survécu aux périples, mais ceux qui sont parvenus sur les côtes de l’Amérique du Nord ont été accueillis avec une grande ressource d’opportunités. Plusieurs familles qui venaient de l’Angleterre continuèrent à faire des contributions essentielles aux pays émergents du Canada et des États-Unis. Certains des premiers immigrants qui ont traversé l’Atlantique pour venir en Amérique du Nord portaient le nom Bolian, ou une de ses variantes : Silvester Bullen qui s’est installé en Virginie en 1624; John Bullen qui s’est installé dans le Maryland en 1775. Richard Bullen, quant à lui, est arrivé dans l’État de New York en 1752.
Les Bouillanne et les Bonfils partagent une même légende
Le comte de Lapeyrouse-Bonfils écrivait en 1889 : “L’organisation féodale, qui fut un grand progrès politique social, et qui préserva l’Europe de la conquête des Barbares et de l’anarchie intérieure, en concédant à la branche aînée, dans la famille noble, la puissance politique et législative, devait naturellement porter atteinte à la situation des branches collatérales. Le tronc familial cependant, quoique effacé, ne produisait pas moins des rejetons dont l’expansion s’étendait souvent au delà des frontières locales ; en sorte que lorsque la branche directe venait à s’éteindre, ce qui, au dire de plusieurs auteurs, arrivait en moyenne tous les trois siècles, l’opinion, trompée par les apparences, pouvait facilement croire à une extinction définitive de la race. Si la filiation directe se troublait, le sang n’en conservait pas moins, par les collatéraux, son caractère d’origine et l’adage avait toujours sa raison d’être : Virtutem a stirpe traho. C’est ainsi que l’arbre de la forêt que la foudre a brisé, laisse intact le tronc qui continue à pousser des tiges vigoureuses”.
Serait-il alors possible que les de Bouillanne et de Richaud aient un lien de parenté avec la famille de Bonfils, ces deux lignées partageant une légende similaire ? En effet, on voit descendre la famille de Bonfils de la première Maison d’Anjou (d’où les fleurs de lys) et serait d’origine franque. Horace de Bonfils épouse Melziade, la plus jeune fille de Manfred roi de Sicile, en 1266, sur ordre de Charles Ier d’Anjou.
Ayant sauvé Charles d’Anjou menacé par un ours,
celui-ci souhaita qu’il porte une patte d’ours dans ses armes.
La branche établie en Provence (et à Orange) porte “de Bonfils ancien”. La date de leur arrivée est discutée (actes en 1178, 1250 à Arles, probablement en 1290). Jean de Bonfils, chassé de Naples lors des vêpres siciliennes, revient en Provence vers 1290, épouse l’héritière de Moncalquier et prend ses armes “d’azur au chevron d’or accompagné en pointe d’une étoile de même, à la bordure dentelée d’argent”. Des titres portent le nom de Bonifilius dès l’an 990.
Tout en constatant combien l’imagination des auteurs italiens s’est donnée carrière au sujet des commencements des Bonfils et l’influence qu’elle a exercée sur quelques généalogistes de France, il faut cependant reconnaître qu’ils sont unanimes pour leur assigner la France comme leur pays d’origine. Villabianca et Mugnos en particulier, dont l’opinion vient d’être de nouveau confirmée par le savant P. Ledoux, font partir de France un Bonfils, les deux premiers avec le comte Roger de Normandie, conquérant de la Pouille et de la Sicile. Le mémoire tiré des archives de Palerme et adressé à M. Mégha, docteur au service du roi de Naples, il y a quelques années, est très explicite. Non seulement il maintient cette version, mais il y ajoute une véritable autorité en disant que c’est à cause de ce fait, que le livre d’or de la noblesse de Naples et de Sicile a donné à la famille de Bonfils la qualification de commilitoni, compagnons d’armes, ou les quarante, faisant allusion aux quarante chevaliers français, compagnons du héros.
Or, c’est à cette même époque, cinquante ans avant l’expédition normande, que nous trouvons en France une famille Bonfils qui prend pour la première fois ce nom. Les années se succèdent, mais le nom et la famille de Bonfils continuent à se perpétuer en France comme en Italie. Selon la tradition, la première apparition des Bonfils de Bologne eut lieu en Dauphiné et Périgord vers 1260. En 1273, dans le conflit qui s’éleva entre le comte de Lautrec et son fils Vézian, concernant la terre de Noillac et autres, aux confins du Périgord, Bernard de Bonfils et Ollivier de Vassal, gentilhommes, sont indiqués comme ayant servi d’arbitre aux parties.
Il ressort de ce qui précède que nous trouvons à l’origine des noms patronymiques, une famille française qui prend pour la première fois le nom de Bonfils et qui fonde en Italie, vers 1033, une autre famille qui s’y comporte avec une grande distinction (Revue de Marseille et de Provence, fondée et publiée au profit des pauvres, 35e année, Marseille 1889).
Rien dans ce qui précède ne prouve pour le moment que les Bonfils et les Bouillanne aient un lien de parenté. Par contre, il est parfaitement démontré que ceux-ci partagent une même région (le Dauphiné), ainsi qu’une légende et un blason similaires. De leur côté, les Bolian/Boulian/Bouillan ont essaimé et ont fait souche en Angleterre, aux États-Unis, au Canada et dans plusieurs autres pays (consultez le site internet de Forebears).
“Interroge ton père, il t’instruira ; demande à tes ancêtres de te faire connaître ce que tu désires savoir.” Ainsi parle le livre de la sagesse, que tous les raisonnements du monde ne sauraient démentir. – Cte de Lapeyrouse-Bonfils
(1) Ces trois blasons sont tirés du site internet de Jean Gallian : www.jean.gallian.free.fr.