Richard III (2 octobre 1452 – 22 août 1485) est le dernier roi d’Angleterre de la maison d’York et de la dynastie des Plantagenêt, de 1483 à sa mort. Frère cadet du roi Édouard IV, titré duc de Gloucester en 1461, Richard usurpe le pouvoir à la mort de son frère au détriment de ses neveux Édouard V et Richard de Shrewsbury, qu’il fait enfermer à la Tour de Londres et peut-être exécuter. Durant son bref règne, marqué par plusieurs soulèvements, il gouverne avec énergie et compétence. Il trouve la mort à la bataille de Bosworth contre le dernier prétendant de la maison de Lancastre, Henri Tudor, qui lui succède sur le trône.
Plantagenêt est le surnom d’une dynastie princière issue de la première lignée des comtes d’Anjou, les Ingelgériens, et de la Maison de Châteaudun. Ses membres furent aussi comtes du Maine, puis par mariage rois d’Angleterre, ducs de Normandie et finalement ducs d’Aquitaine.
Plantagenêt est d’abord le surnom personnel de Geoffroy V, comte d’Anjou et du Maine (1128-1151). L’origine de ce surnom est inconnue et ne fait pas l’unanimité chez les historiens. Selon une théorie, il ferait allusion au genêt qu’avait l’habitude de porter à son chapeau. Le nom est attesté pour la première fois chez Wace : « Gisfrei son frere Que l’on clamout Plante Genest ». Par la suite, il a été attribué rétrospectivement à tous ses descendants par les mâles (lignée agnatique). Au XVe siècle, pour faire valoir ses droits à la couronne, le duc Richard d’York reprit le nom de Plantagenêt, et son fils devint en 1461 le roi Édouard IV d’Angleterre.
Les Plantagenêt sont une branche de la Maison de Châteaudun ; ils ne sont pas de la lignée des Ingelgériens mais s’y rattachent en ligne féminine ; ils sont en effet issus du mariage d’Ermengarde d’Anjou, fille de Foulque III Nerra, comte d’Anjou, avec Geoffroy II du Gâtinais, de la Maison de Châteaudun. Geoffroy III, Foulque IV, Geoffroy IV, Foulque V poursuivirent leur œuvre. On désigne parfois ces comtes sous le nom de Plantagenêt pour signifier qu’il s’agit d’une seule et même lignée agnatique, bien que ce surnom n’apparaisse qu’avec leur descendant Geoffroy V. Les Plantagenêt, successeurs des Ingelgériens, constituent la deuxième maison des comtes d’Anjou. Les Plantagenêt étant, par les mâles, une branche de la Maison de Châteaudun, on considère généralement qu’ils sont issus de la famille franque des Rorgonides, possiblement liée aux premiers robertiens. Par leur branche maternelle de la première maison des comtes d’Anjou, les Plantagenêt sont issus cognatiquement de la noblesse franque, les Ingelgériens.
Découverte et réinhumation du corps de Richard III
En août 2012, des archéologues de l’université de Leicester entament des fouilles à la recherche des restes du roi sous un parc de stationnement de cette ville. Les historiens pensaient déjà que le roi avait été enterré à Leicester dans une chapelle qui fut démolie au XVIe siècle. Un squelette est mis au jour le 12 septembre.
Des analyses anthropologiques menées d’une part par l’ostéologie (Richard III était réputé bossu, car souffrant depuis l’adolescence d’une scoliose, maladie qui laisse des traces sur la colonne vertébrale), d’autre part par des analyses ADN, ont permis d’identifier formellement le squelette comme celui de Richard III. L’ADN du squelette a été comparé avec celui des canadiens Michael, Jeff et Leslie Ibsen, descendants en droite ligne d’Anne d’York, la sœur aînée de Richard. [1] L’annonce de ces résultats a été faite le 4 février 2013 par le département d’archéologie de l’université. [2]
Les examens du squelette donnent plusieurs renseignements sur la personne et la mort de Richard. Sa scoliose avait considérablement déformé sa colonne vertébrale, donnant au roi une posture inhabituelle, non pas courbée, mais asymétrique, avec une épaule plus haute que l’autre. L’analyse de la mâchoire révèle que Richard avait perdu plusieurs molaires avant sa mort, probablement en raison de caries.
L’homme est mort de nombreuses blessures mais aucune n’a été causée sur son visage même, ce qui permet aux scientifiques de reconstituer ce visage qu’aucun portrait contemporain n’a représenté. En revanche, l’homme a vraisemblablement été tué par le coup d’une hallebarde à l’arrière du crâne, près de l’attache de la colonne vertébrale, causant une large fracture. Un autre coup, porté celui-ci par une arme pointue au sommet du crâne, légèrement vers l’arrière, peut aussi être considéré comme mortel. Cinq autres blessures mineures ont aussi été relevées sur ce crâne.
Quelques jours après les analyses, une reconstitution du visage entreprise par des scientifiques de l’université de Dundee (Écosse) est présentée au public. Le 4 septembre 2013, la publication d’une étude réalisée par le Dr Piers D Mitchell, du département d’archéologie et d’anthropologie de l’Université de Cambridge, révèle que Richard III était atteint d’ascaridiose.
En décembre 2014, la poursuite de l’examen de l’ADN de Richard III met en évidence une rupture dans la chaîne génétique de sa branche paternelle (lignée patrilinéaire). En effet, le chromosome Y de son ADN (appartenant à l’Haplogroupe G-M201) n’est pas le même que celui de cinq membres actuels de la lignée des ducs de Beaufort, descendants en ligne agnatique de Jean de Gand, frère d’Edmond de Langley, lui-même ancêtre en ligne agnatique de Richard III. Il y a donc eu un fils illégitime parmi les descendants d’Edouard III. Cette rupture n’était pas connue et peut, selon sa place dans la lignée, remettre en cause la légitimité de la Maison royale d’York, de la Maison royale de Lancastre et de la Maison royale Tudor, ou de la Maison royale Tudor seule, ou n’avoir eu aucune incidence sur la légitimité des différentes Maisons royales si l’infidélité a eu lieu dans la lignée des ducs de Beaufort. [3]
Seconde inhumation de Richard III
Le 23 mars 2015, de nombreux habitants de Leicester, ainsi que de nombreuses personnes venues de toute l’Angleterre, suivent la procession qui mène son cercueil du champ de bataille de Bosworth jusqu’à la cathédrale de Leicester. Des milliers de personnes vont ensuite se recueillir devant le cercueil de Richard III exposé à la cathédrale de Leicester, avant son inhumation.
Le 23 mars 2015, le cardinal Vincent Nichols, archevêque catholique de Westminster, célèbre sa messe de requiem au prieuré de la Sainte-Croix de Leicester, puis, le 26 mars 2015, la cérémonie nationale est célébrée par l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, primat de l’Église anglicane, en présence de descendants de Richard III — dont Richard de Gloucester, également cousin de la Reine, et l’acteur Benedict Cumberbatch, qui lit un poème en hommage à son aïeul — et des membres de la famille royale. Selon le cardinal Vincent Nichols, « Richard III était un roi catholique, dans un pays alors catholique, c’est pourquoi les deux Églises, catholique et anglicane, sont pleinement impliquées dans cette semaine de célébrations ».
Radio Vatican conclut alors « après avoir régné dans une Angleterre déchirée par la guerre, c’est donc par une nation apaisée que le roi Richard III a été accompagné vers sa dernière demeure ». Le 26 mars 2015, les restes du roi sont inhumés dans la cathédrale Saint Martin de Leicester.
Qu’est-ce que l’haplogroupe G-M201 ?
En décembre 2014, l’examen de l’ADN de Richard III, roi d’Angleterre, a confirmé et vérifié que celui-ci était porteur d’une sous-variante de l’haplogroupe G-M201.
En génétique humaine, l’haplogroupe G (M201) est un haplogroupe du chromosome Y. L’haplogroupe G est plutôt rare dans la plupart des populations de l’ancien monde (généralement entre 1% et 10%) mais on le retrouve plus largement réparti dans plusieurs groupes ethniques de l’ancien monde en Europe (principalement en milieux alpins du centre et du sud), dans le Caucase, en Asie du sud de même qu’en Asie centrale et occidentale et au nord de l’Afrique.
L’haplogroupe G descend de l’haplogroupe F dont on pense qu’il représente la seconde sortie majeure d’Afrique du genre humain il y a au moins 60 000 ans. Le groupe F a été divisé en une branche principale (le groupe IJK) qui est à l’origine de 80% des Européens, et une autre branche G (formée il y a environ 48 000 ans) qui a probablement été isolée pendant des milliers d’années, peut-être en Asie du Sud-Ouest. Le groupe G se divise en deux sous-groupes : la branche G1 (M285+ ou M342+) et la branche G2 (P287+). Le sous-groupe G2 présente de forts liens avec le développement des premiers agriculteurs de Mésopotamie. Le clade G2 se divise lui-même en deux sous-groupes : G2a et G2b.
Tandis que les hommes G2a migrèrent vers l’ouest en Anatolie et en Europe durant le Néolithique, leurs cousins G1 se retrouvent essentiellement en Iran, mais aussi au Levant, chez les Juifs ashkénazes et en Asie centrale (notamment au Kazakhstan). Seuls quelques très rares cas de G1 ont été trouvés en Europe, notamment en Grande-Bretagne (où les tests commerciaux sont les plus répandus), en Allemagne, ainsi que dans la plupart des pays du sud, du centre et de l’est de l’Europe. Comment ces lignées G1 asiatiques sont-elles arrivées là ?
L’Asie centrale est devenue une zone de fusion entre les lignées G1 et J2 d’Asie du sud avec les lignées R1a venues de Russie durant l’âge du Bronze et l’âge du Fer. De nouvelles populations d’hybrides ont été formées, comme notamment les Scythes, qui contrôlaient autrefois un empire s’étendant du nord du Pakistan au Xinjiang (nord-ouest de la Chine) et à l’Ukraine. Les Romains étaient connus pour recruter des cavaliers scythes ou sarmates dans leurs légions.
D’après C. Scott Littleton et Linda A. Malcor dans leur livre « From Scythia to Camelot », plusieurs Chevaliers de la Table Ronde étaient d’origine scythe, et la Légende du Graal elle-même serait originaire de la Scythie antique. [5] Cette hypothèse a été reprise dans le film de 2004 Le Roi Arthur, qui commence avec l’arrivée de la cavalerie scytho-romaine en Grande-Bretagne. Cependant, les Scythes étaient des habitants des steppes eurasiennes et donc appartenaient sûrement en majorité à l’haplogroupe R1a. Si néanmoins certains appartenaient à l’haplogroupe G, ils auraient pu aussi bien appartenir à G1 qu’à G2a. Cela expliquerait les quelques cas de G1 en Europe occidentale.
Une note à mes lecteurs :
Je profite de cet article pour annoncer à mes lecteurs que j’ai reçu les résultats de mon analyse ADN-Y (25 marqueurs) commandée auprès de l’entreprise américaine Family Tree DNA. Celle-ci a été couplée avec une analyse ADN autosomal. L’analyse génétique confirme de façon certaine que mon chromosome Y relève de l’haplogroupe G-M201.
Le directeur du Projet Québec ADNy chez Family Tree DNA, Jean-Pierre Gendreau-Hétu, m’écrit à ce sujet :
C’est une chance pour vous, car c’est un haplogroupe beaucoup moins fréquent que d’autres et permet par conséquent une recherche plus ciblée. Votre choix de 25 marqueurs (plutôt que 37 ou plus) revêt ainsi, posteriori, une certaine logique. Deux étapes s’offrent à vous :
- Trouver un autre BOULIANNE (d’Europe ou d’Amérique) avec lequel établir la signature ancestrale et ainsi valider l’hypothèse documentaire ;
- Obtenir des résultats PLANTA et espérer une concordance (ce qui établirait logiquement la signature BOULIANNE).
Les origines multiples de vos concordances — et aucunes liées au Québec, ce qui semble évacuer toute rupture biologique dans votre ascendance nord-américaine — correspond bien avec des origines dans la région du Dauphiné. Mais cela reste une hypothèse à valider ! Je vous suggère donc d’aller de l’avant avec vos tentatives d’obtenir un second test d’un parent présumé.
M. Gendreau-Hétu poursuit ainsi son commentaire : “Les haplogroupes dont il est question ici sont des macro-mutations du chromosome Y. Ces mutations permettent l’établissement de groupes importants dans l’évolution génétique humaine. La séquence numérique des STR révèlent en revanche une signature propre à une lignée paternelle dans un horizon historique. Admettons par exemple que vous dénichiez un autre Boulianne qui accepterait de se faire tester. Vous devriez alors avoir avec ce Boulianne la MÊME séquence de 25 marqueurs que celle que vous possédez. Cette séquence caractérise votre lignée sur plusieurs siècles”.
J’attends donc qu’un membre de la famille Bouilllanne et qu’un membre de la famille Planta me contactent afin que nous puissions ensemble pousser plus loin les recherches généalogiques et génétiques qui nous concernent.
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SOURCE ET RÉFÉRENCES :
- Agence France Presse : Richard III enterré en Angleterre cinq siècles après sa mort. Le Nouvel Observateur, 26 mars 2015.
- Université de Leicester : The Discovery of Richard III. Leicester, Royaume-Uni.
- Nature Communications : Identification of the remains of King Richard III, par Turi E. King, Gloria Gonzalez Fortes, Patricia Balaresque, Mark G. Thomas, David Balding, Pierpaolo Maisano Delser, Rita Neumann, Walther Parson, Michael Knapp, Susan Walsh, Laure Tonasso, John Holt, Manfred Kayser, Jo Appleby, Peter Forster, David Ekserdjian, Michael Hofreiter & Kevin Schürer. Macmillan Publishers Limited, Springer Nature, 2 décembre 2014.
- Eupedia – Génétique : Répartition géographique de l’haplogroupe G2a (ADN-Y). Dernière mise à jour: octobre 2016.
- C. Scott Littleton et Linda A. Malcor, « From Scythia to Camelot », les éditions Routledge, 2ième édition (30 avril 2000).
En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs Authorsden aux États-Unis, de la Nonfiction Authors Association (NFAA), ainsi que de la Society of Professional Journalists (SPJ). Il adhère de ce fait à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).