La directrice de la Fondation pour combattre l’injustice, Mira Terada, a accordé une entrevue à Guy Boulianne pour le public situé en Russie

Je suis très heureux de vous annoncer que j'ai obtenu une entrevue auprès de la directrice de la Fondation pour combattre l’injustice (FBI), Mira Terada, pour le bénéfice du public et du lectorat situés en Russie. Réalisée au mois de décembre 2022, cette entrevue vient tout juste d'être publiée en russe sur le site web de la FBI. Je vous transmets ci-dessous la traduction française de cette entrevue.

La mission de la Fondation pour combattre l’injustice est de lutter pour les droits de l'homme dans le monde entier, de soutenir les militants civils et de fournir une assistance juridique et un soutien financier aux victimes de brutalités judiciaires et policières et de persécutions politiques. Les activités de la Fondation visent à fournir un soutien informationnel, une assistance juridique et autres aides nécessaires à tous ceux qui ont été victimes d'une injustice de la part des organes de l'État.

Mira Terada, responsable de la Fondation pour combattre l’injustice, a interviewé le journaliste et auteur canadien francophone Guy Boulianne, journaliste primé et membre d’associations internationales de journalisme. La directrice de la fondation a appris de Boulianne comment les fonctionnaires canadiens sont liés aux collaborateurs de l’Allemagne nazie, dans quel scénario une guerre totale entre la Russie et le Canada est possible et comment le gouvernement de Justin Trudeau tente de limiter la liberté d’expression des habitants de son pays.

MIRA TERADA : Bonsoir, cher Guy! Merci d’avoir accepté une entrevue avec la Fondation pour combattre l’injustice. Veuillez dire à nos téléspectateurs et lecteurs qui vous êtes et ce que vous faites ?

GUY BOULIANNE : Bonsoir chère Mira. J’ai débuté dans le domaine des arts et de la littérature il y a 40 ans lorsque j’ai publié mon premier recueil de poésie intitulé “Avant-propos d’un prince fou”. Depuis ce temps, j’ai réalisé plusieurs projets. J’ai été directeur de galeries d’art, j’ai réalisé des émissions de télévision et j’ai fondé ma maison d’édition (Éditions Dédicaces). En 2010, j’ai remporté le Diplôme d’honneur de la francophonie au “Concours Europoésie UNICEF”, en France. Plus tard, mon nom a été ajouté dans le “Dictionnaire des poètes d’ici – de 1606 à nos jours”, publié aux Éditions Guérin, au Québec (Canada). Entretemps j’ai publié d’autres livres, dont “La Société fabienne: Les maîtres de la subversion démasqués” et “L’Arche de Gabriel : de La Mecque à l’Antarctique” dans lequel j’émets l’idée que Vladimir Poutine aurait fait transférer l’Arche d’alliance au pôle Sud (il s’agit d’une hypothèse basée sur des faits réels).

Je suis devenu un journaliste indépendant par la force des événements. Je suis désormais un membre des associations de journalistes “General News Service Network Association” (GNS Press) et “International Association of Press Photographers” (IAPP). Je suis aussi un membre de la “Society of Professional Journalists”, aux États-Unis (SPJ). J’adhère donc entièrement à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la International Federation of Journalists (IFJ).

M.T. : En tant que journaliste vivant au Canada, veuillez commenter la situation de la liberté d’expression au Canada ? Est-ce différent de la liberté d’expression européenne ?

G.B. : Je sais qu’en France, la plateforme de vidéo américaine Rumble ne peut pas être vue. Il s’agit donc d’un exemple évident de censure en Europe et je considère cela comme étant très grave. Lorsque les gens n’ont plus la liberté de s’informer comme ils le veulent, cela sonne le tocsin de la fin d’une civilisation.

Au Canada, le gouvernement de Justin Trudeau veut faire adopter la loi C-11, qui est une loi autoritaire qui dictera aux Canadiens ce qu’ils peuvent regarder sur Internet. Cette loi réglementerait le contenu des utilisateurs et masquerait le contenu que le gouvernement n’aime pas sur YouTube, Rumble, Facebook et d’autres plateformes. Le directeur de l’Ontario et de l’Atlantique par intérim de la “Canadian Taxpayers Federation”, Jay Goldberg, écrit dans le journal Winnepeg Free Press : « Il est clair que le premier ministre Justin Trudeau ne se soucie pas des créateurs de contenu canadiens. (…) S’il est adopté, le projet de loi C-11 violerait la vie privée des Canadiens et réduirait notre capacité en tant que citoyens à demander des comptes au gouvernement en influençant ce que nous pouvons dire et voir en ligne. » Pamela Wallin, du Groupe des sénateurs canadiens, a ajouté que le président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) avait déjà comparu devant le comité sénatorial aux côtés d’un conseiller juridique pour confirmer que le projet de loi, tel que rédigé, donnerait à son agence l’autorité sur du contenu généré par les utilisateurs. « Ce qu’ils ont dit, c’est qu’il ‘ne serait dans l’intérêt de personne de le faire, alors faites-nous confiance, nous ne réglementerons pas le contenu généré par les utilisateurs’ — mais encore une fois, ils ont confirmé à deux reprises qu’ils avaient le pouvoir de le faire », a-t-elle dit.

Il est de plus en plus clair que Justin Trudeau et son gouvernement souhaitent faire taire la dissidence, comme ils l’ont fait lors de la grande manifestation du “Convoi des Camionneurs” qui eut lieu durant le dernier hiver à Ottawa. Selon Reporters sans frontières, le Canada se situe à la 19e position sur 180 pays en matière de liberté de la presse, après le Timor oriental et la Namibie. En 2002, le Canada se situait à la 5e position, ce qui constitue un recul important.

M.T. : Le Canada est l’un des pays où la censure sur Internet est la plus forte. Des études ont montré que le gouvernement canadien bloque régulièrement des sites Web et des pages sur les réseaux sociaux de citoyens de l’opposition sous prétexte de lutter contre les violations de la loi. Pourquoi pensez-vous que les autorités canadiennes utilisent la censure à des fins politiques ?

G.B. : À ma connaissance, actuellement, le gouvernement canadien n’est pas directement impliqué dans la censure sur les réseaux sociaux. Ce sont les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) qui s’occupent principalement de cette tâche. Mais comme nous le savons, derrière les GAFAM se cachent toujours les gouvernements. Pour Katie Fallow, avocate au Knight First Amendment Institute, un organisme de défense de la liberté de la parole rattaché à l’Université Columbia, le premier amendement de la Constitution des États-Unis (où sont situés les géants du numérique) « pose des restrictions sur ce que peut faire le gouvernement pour brimer la parole des citoyens, il ne s’applique pas aux entreprises privées ».

Le gouvernement du Canada utilise une stratégie indirecte pour en arriver à contrôler et, éventuellement, à censurer ce qui se dit et s’écrit sur les réseaux sociaux. L’une de ces stratégies est de publier des études qui sont préparées par des organisations subalternes. Le 8 juin 2022, une équipe de chercheurs dirigée par le professeur Jean-Christophe Boucher de l’Université de Calgary a publié une étude intitulée : “Désinformation et guerre russo-ukrainienne sur les réseaux sociaux canadiens”. L’équipe de M. Boucher se lance dans une véritable chasse aux sorcières en utilisant la discrimination et la stigmatisation, un processus qui — à terme — marque l’individu ou le groupe d’un opprobre. Cette étude est similaire au rapport qui fut chapeauté par trois universités du Québec, intitulé “Le mouvement conspirationniste au Québec”, qui avait pour objectif principal, comme je l’avais écrit dans un article : « de discréditer celles et ceux parmi les plus honnêtes qui ont un avis différent de celui du narratif officiel promu par les gouvernements et les médias «mainstream», sachant très bien que le grand public ne fera pas la distinction entre le bon grain et l’ivraie ». Or, la première étude fut financée, à hauteur de 2,4 millions de dollars, par le ministère de la Défense nationale du Canada, tandis que la seconde étude fut financée par le Gouvernement du Québec et publiée par la Chaire UNESCO.

Récemment, l’Assemblée citoyenne canadienne sur l’expression démocratique a publié un rapport intitulé “Recommandations pour réduire les préjudices en ligne et protéger les droits de la personne au Canada”, dans lequel les membres demandent au gouvernement de meilleurs outils afin de pouvoir contrôler ce qu’on voit ou ne voit pas en ligne. De plus, ils demandent que les plateformes permettent de valider les sources d’information et pensent que le gouvernement doit continuer à investir dans le journalisme de grande qualité. Mais je pose la question : qu’est-ce qu’un journalisme de grande qualité ? Est-ce que ce sera uniquement les informations provenant des médias «mainstream» ? Il est fort probable que oui. Encore une fois, ce nouveau rapport est entièrement financé par le Gouvernement du Canada. Sommes-nous étonnés ?

La multiplication de ces études, jumelées à la loi C-11 et à la “militarisation de la psychiatrie” comme l’écrit Rhoda Wilson dans un article du 12 décembre 2022, résultera en une censure de plus en plus grandissante et à une prise de contrôle de Internet et du narratif au Canada.

M.T. : Le gouvernement du Canada fait tout son possible pour dissimuler des informations sur les crimes de guerre de l’armée ukrainienne, mais une partie importante des Canadiens s’opposent toujours à la poursuite des livraisons d’armes à l’Ukraine. Pourquoi pensez-vous que le Canada continue d’armer les Ukrainiens, ignorant l’opinion de son propre peuple ?

G.B. : Au Canada, les citoyens sont pris entre l’arbre et l’écorce. Selon le recensement de 2016, 1 359 655 Canadiens et Canadiennes (soit 3,8 % de la population) sont d’origine ukrainienne. Le journaliste Roger Jordan écrit dans le WSWS : « Le Canada est devenu un acteur clé en permettant aux complices d’Hitler de blanchir leur histoire et d’écrire un nouveau récit, selon lequel le nationalisme ukrainien s’est battu pour la «libération» contre l’Allemagne nazie et l’Union soviétique en même temps. En plus de permettre à des dizaines de milliers d’anciens membres SS et autres collaborateurs nazis de s’établir au Canada, Ottawa a soutenu financièrement une campagne idéologique visant à légitimer le nationalisme ukrainien d’extrême droite, notamment en parrainant le Congrès ukrainien canadien et en créant l’Institut canadien d’études ukrainiennes de l’Université de l’Alberta à Edmonton. »

Or, nous savons que le grand-père ukrainien de la vice-première ministre du Canada Chrystia Freeland, Mykhailo Chomiak, était un collaborateur nazi de haut niveau. Du début de 1940 aux premiers mois de 1945, il a été rédacteur en chef du seul journal de langue ukrainienne autorisé à publier dans la Pologne occupée par les nazis. Alors qu’elle était étudiante en échange en Ukraine à la fin des années 1980, les autorités soviétiques ont qualifié Chrystia Freeland de « fauteuse de troubles bien connue ». Le 27 février 2022, Freeland a été surprise en train de brandir la banderole de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), une organisation fasciste ukrainienne qui a collaboré avec l’Allemagne nazie. Sa mère, Halyna Chomiak Freeland, était quant à elle une avocate et militante. De 1992 à 2002, elle a participé à la rédaction de la Constitution de l’Ukraine et de ses codes de procédure civile et pénale.

En 2014, Chrystia Freeland a défilé et promu le Festival ukrainien de Toronto auquel participaient des membres du groupe “Secteur droit” (Правый сектор). Les objectifs de ce groupe néo-nazi était de collecter des fonds afin d’acheter du matériel militaire pour l’envoyer à leurs combattants en Ukraine. Et tout ceci se déroulait sous les yeux de tout le monde, au Centennial Park de Toronto, au Canada. Aidan Jonah écrit sur la plate-forme d’enquête The Canada Files : « Chrystia Freeland sait tout sur la glorification des collaborateurs nazis ukrainiens. Freeland est également profondément liée au Congrès ukrainien canadien (UCC) et à la Ligue des Canadiens ukrainiens (LUC), qui glorifient le groupe fasciste de l’Union des ressortissants ukrainiens et les collaborateurs nazis ukrainiens. »

Et maintenant, le New York Times nous apprend que Washington fait la promotion de la Vice-première ministre du Canada comme sa « candidate principale » pour succéder à Jens Stoltenberg au poste de secrétaire général de l’OTAN lorsque le mandat du Norvégien expirera en septembre 2023. Si Chrystia Freeland est nommée à ce poste clé, les relations tendues entre la Russie et le Canada seront irréversibles, ce qui pourrait nous amener tout droit vers une guerre ouverte et revancharde. Donc, pour répondre à votre question, je dirais que le gouvernement du Canada est définitivement pro-Ukraine, et je dirais même avec plus de précision pro-Bandera et pro-Zelensky.

M.T. : Pensez-vous que les pays européens et américains sont libres dans leur volonté de fournir à l’Ukraine des armes et des équipements, ou sont-ils contraints d’agir ainsi sous la pression des États-Unis ?

G.B. : L’Europe est clairement la vassale des États-Unis. Lors de la réunion du Conseil du Développement Stratégique et des Projets Nationaux le 15 décembre 2022, le président Vladimir Poutine a dit : « Qu’est-ce que l’Europe a obtenu en imposant des restrictions ? Tout d’abord, un saut forcé sans précédent, comme disent les économistes, de l’inflation chez eux, dans la zone euro. En novembre, il s’élevait à 10 % dans l’ensemble de la zone euro. Pour certains pays, les valeurs sont généralement prohibitives – plus de 20, 21, 25. Aujourd’hui, les autorités de l’UE elles-mêmes disent que la politique de leur principal partenaire, les États-Unis, conduit directement à la désindustrialisation de l’Europe. Ils tentent même de rendre compte à cette occasion à leur suzerain américain. Parfois, dans leurs déclarations, il y a même des mots de ressentiment : ils disent, pourquoi nous faites-vous cela. À cet égard, je voudrais demander : «que voulez-vous ? Comment voulez-vous qu’il en soit autrement quand on sert de paillasson aux autres ?» Après tout, c’est leur propre affaire. »

Mais je crois aussi que les pays de l’Alliance euro-atlantique reçoivent leurs ordres d’organisations supranationales qui veulent instaurer un Nouvel Ordre Mondial unipolaire et diabolique. Et pour cela, les forces obscures ont besoin de tout détruire sur leur chemin. Ceci est la base de leur devise : « Ordo Ab Chao » (l’ordre à partir du chaos). Je suis désolé de parler ainsi, mais nous vivons dans un monde de dangereux psychopathes. La Russie a soumis, vendredi 4 novembre 2022, un projet de résolution devant l’Assemblée générale des Nations unies (ONU), son objectif étant la « lutte contre la glorification du nazisme, du néo-nazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée. » Or, cette résolution a été adoptée par 105 pays. Quinze se sont abstenus et 52 ont voté contre. Parmi ces derniers, le Canada et l’ensemble des pays de l’Alliance euro-atlantique.

L’année dernière, seuls deux pays avaient voté contre ce texte : les États-Unis, qui s’y opposent systématiquement, et l’Ukraine. Le vote de plusieurs pays occidentaux contre la résolution russe à l’ONU condamnant le nazisme est un exemple d’« hypocrisie politique » et un acte « immoral », selon la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. L’Assemblée générale « se déclare profondément préoccupée par la glorification, quelle qu’en soit la forme, du mouvement nazi, du néonazisme et des anciens membres de l’organisation Waffen-SS », selon le texte de la résolution. La raison avancée, exprimée oralement notamment par Washington et Londres qui sont les principaux bailleurs d’armes de la junte de Kiev, est que cette résolution reviendrait à condamner le régime de Kiev. Nous voyons donc que les fantômes du passé refont surface et que nous courons encore une fois à notre perte en tant qu’humanité.

M.T. : À votre avis, comment les élections de mi-mandat aux États-Unis affecteront-elles la fourniture d’armes et d’équipements à Kiev ?

G.B. : Je ne suis pas un spécialiste des élections de mi-mandat aux États-Unis, je m’abstiendrai donc d’aborder ce sujet. Par contre, en ce qui concerne mon propre pays, le gouvernement a admis dans un communiqué datant du 28 octobre 2022 qu’entre 2015 et 2022, le Canada a formé plus de 33 000 membres des forces de sécurité ukrainiennes (incluant le Bataillon néonazi Azov) dans le cadre de l’opération UNIFIER. Le Canada s’est aussi engagé à fournir une aide financière de 2 milliards de dollars à l’Ukraine cette année, dont la totalité a déjà été versée. Cette somme s’ajoute à une aide de près de 1,5 milliard de dollars engagée, notamment une aide militaire, 320 millions de dollars pour des interventions humanitaires et des mesures d’immigration. Le Canada apporte également de l’aide par le biais d’importantes institutions financières internationales, notamment le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Depuis le début de la guerre, ces trois institutions ont engagé collectivement plus de 28,5 milliards de dollars pour soutenir les Ukrainiens.

Le plus ironique dans tout cela est que le ministre ukrainien des Finances, Serhiy Marchenko, a été élu président du Conseil des gouverneurs de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international pour 2023. « Cette décision a été prise à l’unanimité par tous les pays gouvernants – membres du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. C’est pour la première fois en 30 ans d’adhésion de l’Ukraine à la Banque mondiale et au FMI », a annoncé Marchenko sur Facebook. Nous voyons donc que tout est coordonné de façon impeccable et que les négociations de paix ne semblent pas faire partie des projets euro-atlantistes.

M.T. : Certains politologues et experts estiment que les appels américains à des pourparlers de paix ne sont pas dignes de confiance : à leur avis, Washington tente de geler temporairement le conflit afin de former et d’entraîner autant de militants ukrainiens que possible. Que pensez-vous de cela ?

G.B. : Comme je viens de le dire, les négociations de paix ne semblent pas faire partie des projets euro-atlantistes. S’ils l’affirment, ce n’est qu’hypocrisie. Tout laisse plutôt croire que l’Ukraine est actuellement utilisée par les pays occidentaux pour transférer des fonds monétaires colossaux à des fins opaques. À mon avis, une grande partie de ces sommes est dirigée vers des paradis fiscaux. Et tout ceci se fait au détriment des citoyens européens, américains et canadiens. Ici, au Québec, le gouvernement envisage une loi pour forcer les Québécois à réduire leur consommation en électricité, malgré le fait que le Québec soit le plus grand producteur d’électricité au Canada. Par ailleurs, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie Pierre Fitzgibbon n’écarte pas d’imiter la France, qui recommande de baisser le chauffage des résidences à 19 degrés.

Le 13 décembre, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a accueilli la Conférence internationale de soutien à la résilience civile de l’Ukraine. Cet événement, organisé conjointement par la France et l’Ukraine, a réuni les partenaires, les donateurs et les institutions multilatérales afin d’apporter le soutien immédiat dont le peuple ukrainien a besoin pour passer l’hiver. Pendant ce temps, de plus en plus de Français dorment dans leurs voitures et se nourrissent à peine. Une rumeur circule sur les réseaux sociaux affirmant qu’Olena Zelenska aurait magasiné pour Noël et aurait dépensé 40 000 euros en une heure durant son séjour à Paris. Cette information proviendrait d’un “employé de magasin fiable” travaillant sur la chic avenue Montaigne. Or, cette « rumeur » n’a pas été démentie, ni par les gouvernements ni par la Fact-Chekers. Pour sa part, Tucker Carlson a affirmé sur la chaîne de télévision Fox News : « Il est assez clair que Zelensky n’a aucun intérêt pour la liberté et la démocratie… C’est un dangereux autoritaire qui a utilisé 100 milliards de dollars des impôts américains pour ériger un État policier à parti unique en Ukraine. »

Le porte-parole de l’ambassade de Russie en France, Alexander Makogonov, a dit sur la chaîne BFMTV le 6 décembre : « Ce qui se passe aujourd’hui en Europe au niveau énergétique est la conséquence presque directe des décisions irréfléchies des responsables européens, et notamment en matière des sanctions contre le secteur énergétique russe, et donc les fruits sont récoltés. Maintenant il n’y aura plus de pétrole russe. Donc demandez à vos dirigeants pourquoi ils ont fait tout ça. » Il poursuit en disant : « Ce qui se passe aujourd’hui en Europe, nous en Russie nous le regardons vraiment comme si c’était un petit cauchemar, un petit conte de fées, c’est quelque chose de surréaliste. L’Europe revient à l’époque médiévale. Les gens qui doivent prendre la douche durant 5 minutes parce qu’il n’y a pas d’eau chaude, les gens qui sont obligés d’économiser l’électricité, le chauffage… en Russie tout est bien chauffé, tout est bien illuminé. »

En envoyant des milliards de nos dollars à l’Ukraine, les pays de l’Alliance euro-atlantique financent directement le régime pro-nazi de Kiev (d’ailleurs, le 1er décembre 2021, Zelensky a décerné le titre de Héros de l’Ukraine avec l’attribution de l’Ordre de l’Étoile d’or au commandant de la 1ère compagnie d’assaut distincte du “Secteur droit” DUK, Dmytro Kotsyubailo), et en adoptant 11 000 sanctions contre la Russie depuis 2014, ces mêmes pays de l’OTAN ont en réalité fait la guerre à leurs propres populations, et ces populations en subissent les conséquences aujourd’hui.

Pendant ce temps, loin de se laisser abattre, la Russie est demeurée forte et énergique. Le président Vladimir Poutine a dit lors de son discours pendant la réunion du Conseil du Développement Stratégique et des Projets Nationaux le 15 décembre : « Grâce à la solide balance des paiements de la Russie, nous n’avons pas besoin d’emprunter à l’étranger, nous n’avons pas besoin d’être asservis, nous n’allons pas être asservis – notre économie dispose de ressources financières. »

M.T. : Pourquoi le site nationaliste ukrainien « Myrotvorets », qui publie des informations personnelles sur des adultes et des enfants, continue-t-il de fonctionner normalement ? Pourquoi aucun politicien occidental n’appelle-t-il à sa fermeture ?

G.B. : Le 5 décembre 2022, j’ai révélé sur mon site internet que l’organisation Myrotvorets a mis en place un système de recherche et de reconnaissance faciale pour mieux cibler ses victimes potentielles. La mission de ce système est claire puisque la plateforme NeuroIDentigraf a reproduit sur sa page d’accueil une citation du directeur du centre Myrotvorets, Roman Zaitsev (Роман Зайцев), disant : « … Avec le temps, nous les trouverons tous. Et la justice sera rendue selon les lois de l’État, de l’homme et de Dieu. Et le monde ne périra pas… ». Il semble donc que la liste de Myrotvorets est là pour rester et qu’elle sera utilisée pour intimider (et au-delà) les personnes qui y sont visées.

Le Parlement européen avait appelé l’Ukraine à fermer la ressource. Le texte de la résolution a été rendu public lors de la réunion de la Séance plénière du jeudi 11 février 2021 : « Nous prions instamment les autorités de condamner fermement et d’interdire les activités des groupes et des sites internet extrémistes et incitant à la haine, tels que le site Myrotvorets, qui provoquent des tensions au sein de la société et utilisent de manière abusive les données à caractère personnel de centaines de personnes, y compris des journalistes, des responsables politiques et des personnes appartenant à des groupes minoritaires. » Rappelons aussi qu’en 2019, la mission d’observation des Nations Unies avait appelé Kiev à fermer le réseau Myrotvorets, Cependant, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait déclaré qu’il ne pouvait pas le fermer, ce qui est absurde.

Je doute fortement que Justin Trudeau ne connaisse pas l’organisation Myrotvorets. Mais au lieu de se scandaliser de cette liste noire dans laquelle se retrouvent les noms de plus de 300 enfants « à assassiner », le premier ministre du Canada a émit une “obligation de souveraineté de l’Ukraine” pour que les Canadiens puissent financer directement ce pays contre la Russie. C’est ce qu’il avait annoncé le 28 octobre 2022 lors du XXVIIe Congrès triennal des Canadiens d’origine ukrainienne. Sous réserve de négociations avec l’Ukraine, un montant égal au produit de l’obligation sera transféré à l’Ukraine par l’intermédiaire du compte pour l’Ukraine administré par le Fonds monétaire international (FMI), dont le Canada a joué un rôle de premier plan dans la création. Évidemment, chaque Canadien qui achètera ces obligations se fera le complice du Gouvernement du Canada et du régime de Kiev.

Des démarches seront sans doute entreprises pour que le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, s’exprime et agisse publiquement contre la liste de Myrotvorets.

M.T. : Peut-on dire que les politiciens intéressés à prolonger le conflit en Occident utilisent les Myrotvorets afin de renforcer les sentiments russophobes dans la société ukrainienne ?

G.B. : C’est sans doute l’article 436-2 du Code pénal de l’Ukraine,— “Justification, reconnaissance comme légitime, négation de l’agression armée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, glorification de ses participants” —, qui autorise “Myrotvorets” à répertorier des milliers d’enfants, de journalistes et de personnalités en vue de les intimider, et éventuellement de les éliminer. Il est très important de noter que la version anglaise du Code pénal (publiée sur le site officiel du Parlement de l’Ukraine) diffère sur plusieurs points de la version dans sa langue d’origine. Certains chapitres se lisent différemment, alors que des paragraphes entiers sont absents de la version anglaise. La différence entre le texte en anglais du Code pénal de l’Ukraine et celui en ukrainien est une anomalie en soi. Je n’ai jamais vu cela, en aucune circonstance. En cas d’accusation, sur quelle version de cette loi devons-nous donc nous baser pour une défense ?

Or, l’article 436-2 est totalement absent dans la version anglaise du Code pénal de l’Ukraine.

En anglais, l’article 436 (Propagande de guerre) se lit comme suit : « L’incitation publique à une guerre d’agression ou à un conflit armé, ainsi que… », alors qu’en ukrainien, il est bien écrit dans la loi : « Les appels publics à une guerre d’agression ou à la résolution d’un conflit militaire, ainsi que… » Ceci n’a pas du tout la même signification. Nous lisons très clairement dans l’encyclopédie Wikipédia : « La résolution de conflit consiste dans le choix d’une solution à un affrontement et sa mise en œuvre ». Le Code pénal de l’Ukraine ne parle donc pas d’une incitation publique « à un conflit armé » mais bien d’une incitation « à la résolution d’un conflit militaire ». C’est probablement sur la base de cet article de la loi (en ukrainien) que le nom de Elon Musk fut ajouté sur la liste de Myrotvorets, car le 3 octobre 2022, il avait publié un message sur Twitter dans lequel il proposait un plan de paix pour la guerre russo-ukrainienne. J’en conclu donc que l’Ukraine ne cherche pas à obtenir la paix.

De toute façon, tout est biaisé depuis le début du conflit. Le 7 décembre 2022, Angela Merkel a accordé une entrevue au journal Die Zeit, en Allemagne. Durant cette entrevue, l’ancienne chancelière explique que l’objectif du protocole de Minsk signé le 5 septembre 2014 était en réalité de laisser du temps à l’OTAN pour armer l’Ukraine et de se préparer à une guerre avec la Russie. Elle déclara : « L’accord de Minsk de 2014 était une tentative de donner du temps à l’Ukraine. Elle a utilisé ce temps pour devenir plus forte, comme vous pouvez le voir aujourd’hui. L’Ukraine de 2014/15 n’est pas l’Ukraine d’aujourd’hui. Comme vous l’avez vu lors de la bataille de Debaltseve (ville ferroviaire du Donbass, oblast de Donetsk, ndlr) début 2015, Poutine aurait facilement pu les envahir à l’époque. Et je doute fort que les pays de l’OTAN auraient pu faire autant alors qu’ils le font maintenant pour aider l’Ukraine. Il était clair pour nous tous que le conflit était gelé, que le problème n’avait pas été résolu, mais cela a donné à l’Ukraine un temps précieux. »

Fortement indigné, le dirigeant russe Vladimir Poutine a commenté les remarques de l’ancienne chancelière lors d’une conférence de presse tenue deux jours plus tard : « Pour être honnête, c’était absolument inattendu pour moi. Je ne m’attendais pas à entendre cela de sa part. C’est décevant. La confiance est presque tombée à zéro. Il ne s’agissait donc pas de respecter ces accords mais d’armer l’Ukraine. Nous pensions pouvoir parvenir à un accord dans le cadre des accords. Après de telles déclarations, comment négocier ? A propos de quoi ? Avec qui ? Est-il possible de négocier avec eux ? Où sont les garanties ? »

En conclusion, je souhaite ardemment que les parties pourront trouver un terrain d’entente et qu’elles arriveront ensemble à mettre un terme à ce conflit. Mais je demeure plutôt pessimiste à cet effet. Je crois plutôt que nous assistons à l’effondrement de la civilisation telle que nous l’avons connue.


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Guy Paradis
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Montréalité

Bravo pour cette entrevue et les explications concernant le gouvernement canadien. Il est bon que le peuple russe sache que la population canadienne n’est pas consultée par ses dirigeants et qu’elle subit les décisions prises par ceux-ci.

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