Je reviens encore une fois sur le dossier des Îles de la Madeleine et la “Passe Archipel”, qui comprend aussi l’établissement d’un parc régional et d’un « écoquartier », indifféremment nommé « ville résiliente », « ville intelligente », « microréseau intelligent » ou encore « ville 15 minutes » par ses différents promoteurs. Certaines personnes pourraient dire que ce dossier n’a pas de réelle importance et pourraient ne pas comprendre pourquoi je m’y attarde autant. Par exemple, un de mes abonnés sur la plateforme Substack, Albert Omella Perez, m’a envoyé un courriel aujourd’hui pour me dire : « Je pense que vous perdez en audience, au niveau mondial, en parlant de ces îles, dont personnellement je ne comprends pas grand chose à ce que vous dites, et c’est nettement moins intéressant que certaines informations que vous nous avez apportées, comme sur le fils Kennedy. Je vous donne ce point de vue, comme un sondage pour vous. » Il s’agit ici d’une opinion bien personnelle. En fait, je comprends parfaitement qu’en habitant en Espagne on puisse ne pas saisir toute la portée des enjeux concernant cette “Passe Archipel”. Pour ma part, étant originaire et habitant au Québec, je me dois aussi de parler de sujets qui nous touchent plus localement. Mais vous remarquerez que ce dossier des Îles de la Madeleine nous amène aussi à parler du contrôle de la population, de l’Agenda 2030, du projet des “100 Villes résilientes” de la Fondation Rockefeller et même du Rapport du club de Rome. Le dossier des Îles de la Madeleine ne concerne donc pas uniquement les Québécois puisqu’il peut aussi se refléter sur d’autres populations, dans d’autres régions du monde.
Je reviens sur le dossier des Îles de la Madeleine car la radio CFIM 92,7 FM a reçu en entrevue madame Caroline Patsias, professeure à l’Université du Québec à Montréal en science politiques spécialisée en gouvernance urbaine et municipale. Celle-ci a rappelé l’importance de la participation citoyenne alors que le maire Antonin Valiquette et les élus locaux font plutôt un déni de démocratie depuis quelques semaines lors des séances du Conseil municipal et de la Communauté maritime des Îles de la Madeleine.
Depuis quelques mois, les échanges concernant le parc régional et la Passe Archipel sont parfois devenus acrimonieux. Ce haussement de ton autour d’enjeux locaux est répandu à travers le Québec, particulièrement en ce qui concerne l’aménagement du territoire, note la politologue Caroline Patsias. Selon elle, ce serait la conséquence du retrait de l’obligation de tenir des référendums du projet de loi.
Bien que les échanges des membres du public au conseil ne soient pas toujours constructifs, la professeure insiste sur l’importance de faire de la place à l’opposition citoyenne pour une vie démocratique saine. Elle disait lors de son entrevue avec le journaliste François Delisle :
« Il faut donner la parole aux citoyens parce que vous comprenez que d’un côté, on a la Loi 122 qui crée un urbanisme participatif. Mais cet urbanisme, les modalités en sont laissées aux municipalités, qui peuvent aussi décider de le restreindre dans la portée décisionnelle des instruments mis en place. Et si en plus on décide qu’on va extrêmement limiter la période de questions, et bien là on est dans un rétrécissement de la parole citoyenne, alors même qu’on est dans une époque où les citoyens demandent davantage à participer. On dit toujours aux citoyens : « vous n’êtes pas constructifs », mais les citoyens pour s’opposer n’ont pas l’obligation d’être constructifs parce que sinon ça veut dire que pour ne pas être d’accord, on devrait avoir un projet de rechange. On devrait être des experts dans le domaine pour être capables de fournir des solutions alternatives. Non ! On peut aussi dire : « ce projet ne nous convient pas, Voici pourquoi ».
« Un conseil, ça doit être conflictuel parce que, et c’est peut-être le problème au palier municipal, on n’avait pas l’habitude de la conflictualisation des enjeux d’avoir une opposition qui s’oppose. Quel est le travail d’une opposition ? Qu’elle s’oppose. Donc, si vous voulez une opposition toujours consensuelle, en fait, vous n’êtes pas démocrate parce que la démocratie, c’est l’expression d’une opposition. Et une opposition, elle peut être constructive, on est content, mais elle peut parfois ne pas être constructive. Et c’est de la démocratie aussi. Donc quand vous êtes élus, vous devez aussi savoir que les citoyens qui vont se déplacer au conseil, en général, ce n’est pas ceux qui sont satisfaits de vous. Ceux qui sont satisfaits, ils restent à la maison. Le citoyen content ne se déplace pas forcément au conseil municipal. Donc il est certain que les citoyens qui viennent vous voir lors du conseil ne viennent pas pour vous féliciter. Et surtout. pourquoi c’est très important au sein des municipalités ? Parce que dans les conseils municipaux, à l’inverse des assemblées aux paliers supérieurs, vous n’avez pas une opposition formalisée. Parfois, vous n’avez même pas de partis d’opposition ou d’élus d’opposition. Et donc, pour les citoyens, il y a un contre-pouvoir, l’opposition. Quand vous n’avez pas de contre-pouvoir visible, la période de questions, elle est essentielle. Elle joue le rôle à la fois de reddition de comptes et de contre-pouvoir. »
La professeure en science politiques termine ainsi : « La meilleure façon de contrecarrer des opposants qui auraient tort, ce n’est pas de leur couper la parole, c’est de répondre sur la place publique. »
➽ À propos de Caroline Patsias
Caroline Patsias est née à Marseille, dans le sude de la France. Elle est professeure de sciences politiques spécialisée en gouvernance urbaine et locale à l’UQAM (Université du Québec à Montréal). Elle est titulaire d’un double doctorat de Sciences po Aix (France) et de l’Université Laval (Canada).
Les recherches de la Pre Patsias comparent la participation citoyenne aux comités citoyens et aux groupes communautaires en France et au Québec. Ses analyses montrent comment les interactions quotidiennes des citoyens, leurs relations avec l’État et leurs approches des conflits façonnent différentes trajectoires de politisation.
Ses travaux examinent également la politisation des citoyens au sein des institutions locales, notamment les conseils d’arrondissement de Montréal. Les résultats de l’enquête révèlent que les divergences observées illustrent une construction différente de l’intersection entre classe sociale, identité culturelle ou ethnique et frontières mondiales et locales. Ces différentes manières de concevoir l’intersection façonnent des pratiques démocratiques spécifiques et des relations avec le politique. Les analyses de la Pre Patsias portent sur les notions de justice que les citoyens expriment au sein des institutions, notamment la justice environnementale, la justice distributive et la justice de reconnaissance.
Elle compte poursuivre ses recherches au sein du Center on Public Diplomacy de l’université du Sud de la Californie (CPD). En observant les conseils municipaux de Los Angeles, elle cherche à savoir comment les processus de politisation augmentent ou diminuent la polarisation des citoyens, et le rôle des institutions à cet égard. Elle a récemment publié un article sur la politisation et le radicalisme des citoyens dans le Local Government Journal et le Journal of Civil Society.
Caroline Patsias aime faire du sport pour se détendre, elle a déjà couru des marathons amateurs et améliore désormais sa natation.
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