Les clés de la Porte des Ténèbres à Toulouse : la croix de Satan, le Sigil de Lucifer et le signe de la bête sont apparus sur les rives de la Garonne

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Le weekend dernier, du 25 au 27 octobre, eut lieu comme prévu l’opéra urbain “Le Gardien du Temple – La Porte des Ténèbres“ au centre-ville de Toulouse. Organisé par Toulouse Métropole et imaginé par François Delarozière et la compagnie La Machine, ce spectacle monumental faisait suite au premier volet du Gardien du Temple, qui s’était tenu à Toulouse en novembre 2018. Cet événement a vu le retour d’Astérion le Minotaure et d’Ariane la Grande Araignée, qui ont été rejoints dans leur périple par une nouvelle Machine, la chimère Lilith la Gardienne des Ténèbres.

La parade urbaine a rassemblé 1,2 million de personnes dans les rues de Toulouse de vendredi à dimanche. De la place du Capitole à la basilique Saint-Sernin, en passant par le Pont-Neuf, ce récit épique qui a coûté 4,7 millions d’euros à la métropole toulousaine s’est inscrit dans de nombreux lieux emblématiques de la Ville Rose, nous informe le quotidien Le Figaro le 28 octobre dernier.

Dans un entretien accordé à Actu Toulouse, le maire de la ville, Jean-Luc Moudenc se réjouit du succès du « plus grand événement jamais organisé à Toulouse » et estime au passage que la polémique avec l’Église a largement contribué à le faire rayonner.

Le directeur adjoint de la rédaction de Boulevard Voltaire, Marc Baudriller, écrivait dans un article récent : « En six ans, l’opéra urbain a eu le temps de se refaire une laideur. (..) À Toulouse, les catholiques goûtent, curieusement, assez peu la plaisanterie. Le frère Paul-Adrien, une star sur YouTube, avec plus de 400.000 abonnés, remonte la généalogie de la fameuse Lilith jusqu’au célèbre Hellfest à Clisson, en Bretagne. Les protestants se sont aussi élevés contre ce spectacle organisé sur fonds… publics. Cela devient donc une habitude. En France, les Jeux olympiques de Paris salissent la Cène, moment catholique crucial, en toute impunité. Toulouse et Clisson chantent les vertus de l’enfer. Le tout sur fond d’assassinat de prêtres (le père Hamel en 2016, le père Olivier Maire en 2020), d’incendies criminels d’églises, de saccages de cimetières, de vols du patrimoine religieux et d’actes antichrétiens (près de 1.000 par an). »

Alors qu’il parlait de l’une des trois protagonistes de cet événement, c’est-à-dire Lilith, le directeur artistique François Delarozière disait que celle-ci « va vous offrir le droit d’aller en enfer si vous voulez y aller. Elle est là pour ramener les âmes damnées ». Face à l’atmosphère satanique du spectacle, l’archevêque de Toulouse Guy de Kerimel a décidé de consacrer la ville et son diocèse au Sacré-Cœur de Jésus pour protéger les âmes de « cette atmosphère de désespérance qui règne dans notre société et se manifeste dans une certaine culture, de plus en plus fascinée par l’obscur, le ténébreux ».

Les premiers éléments que nous avons vu apparaître sur les rives de la Garonne, avant même le début du spectacle, ce sont trois symboles pour le moins ténébreux, soit : la croix de Satan, le sigil de Lucifer et le signe de la bête. Mais ceci n’était pas réellement une surprise puisque tout était déjà annoncé à la sixième page du livret officiel de l’opéra urbain, publié sur le site internet de La Machine : « Des eaux du fleuve, apparaissent les signes prophétiques et prodigieux. (…) Trois signes prodigieux, la croix de Satan, le Sigil de Lucifer et le signe de la bête sont apparus sur les rives du fleuve. Ils sont les clés de La Porte des Ténèbres ». L’archevêque de Toulouse déplorait : « On ne peut pas jouer impunément avec une symbolique satanique. C’est dommage d’imposer un spectacle ténébreux dans la ville de Toulouse ». Marc Baudriller écrit : « De l’art, vraiment ? Le même livret laisse, en tout cas, peu de doutes sur l’univers de cette “distraction”. » Pour ma part, voici ce que j’écrivais dans un article publié le 12 octobre 2024 :

Pour le moins que nous ayons l’esprit et les yeux ouverts, il est facile de constater que les “portails” sont très à la mode depuis quelques années, surtout depuis que le Grand collisionneur de hadrons (LHC) a été mis en fonction en 2008 au laboratoire européen pour la physique des particules (CERN), situé dans la région frontalière entre la France et la Suisse. Le 1er juin 2016 eut lieu la cérémonie d’ouverture « satanique » du tunnel de base du Saint-Gothard, un tunnel ferroviaire bitube passant sous le massif du Saint-Gothard en Suisse, et dont le thème du portail était indirectement relié au CERN, à 300 km de là.

Cet accélérateur de particules a inspiré plusieurs œuvres artistiques, que ce soit le film-opéra-dansé Symmetry tourné en 2015 au CERN, le film d’horreur Decay créé en 2012 par Luke Thompson, alors doctorant de physique au CERN, dont l’action se déroule au sein-même du LHC, ou bien encore l’opéra Les Troyens d’Hector Berlioz et l’oratorio La Création de Joseph Haydn, tous les deux produits par La Fura dels Baus et mis en scène par Carlus Padrissa. Ces œuvres ont pour point commun un portail que traversent des entités venues d’une autre dimension, faisant souvent penser à des « extraterrestres », à des anges déchus ou à des créatures démoniaques et maléfiques. Nous retrouvons encore aujourd’hui ce concept du « portail » qui laisse pénétrer des personnages étranges et/ou des effluves négatives. Nous pouvons penser à la cérémonie luciférienne de clôture des Jeux olympiques de Paris 2024, ainsi qu’à l’opéra urbain intitulé “Le Gardien du Temple – La Porte des Ténèbres“ qui [s’est déroulé] du 25 au 27 octobre 2024 au centre-ville de Toulouse,

Nous voyons donc que la porte, ou le portail, est un sujet récurrent dans les différents projets culturels et événementiels, et ce n’est certainement pas du au hasard. En 2016, la réplique d’une arche d’un ancien temple de Baal a été érigée dans les espaces publics de plusieurs grandes villes du monde : Trafalgar Square à Londres pendant les trois jours précédant la Pâque juive, à Florence en Italie pour le sommet politique du G7, à Dubaï pour le World Governments Summit, à l’hôtel de ville de New York en 2017 et sur le Capitol Mall à Washington DC au mois d’octobre 2018. L’arche s’est rendue ensuite à Amsterdam et en Syrie. « Cette arche pourrait être le portail dont l’ouverture pourrait inaugurer l’ère du Messie – ou un ordre mondial sinistre », a expliqué le rabbin Daniel Asore, membre du nouveau Sanhédrin (הסנהדרין החדשה). « Si vous regardez où cette arche est apparue, il s’agit clairement d’un modèle qui se dirige vers un objectif précis : le Messie. La question est de savoir de qui sera ce Messie ? » (Israel365 News)

« Et je te dis aussi, que tu es Pierre, et sur cette pierre j’édifierai mon Eglise; et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. » (Matthieu 16:18)


➽ Les Trois signes « prodigieux » de l’opéra urbain :

La croix de Satan ou « croix de Léviathan »

Le symbole alchimique du soufre noir, également connu sous le nom de « croix de Léviathan » ou « croix de Satan », est un symbole graphique qui représente la puissance et l’individualité. Le sigil de Léviathan est donc un symbole qui place l’Homme au centre de sa propre vie et le rend maître de son existence et de son destin. Il était à l’origine le symbole de l’élément appelé soufre depuis l’Antiquité. L’association du soufre avec le satanisme est assez ancienne et trouve son origine dans son utilisation comme symbole du soufre par les alchimistes européens.

Le soufre était associé dans la Bible à Satan, symbolisant la culpabilité et la punition. C’est à cause de ces facteurs que Sodome et Gomorrhe ont été détruites par Dieu avec le feu et le soufre, car les habitants pratiquaient des actes immoraux.

La croix de Léviathan a été associée au satanisme à la fois parce que, historiquement et bibliquement, le soufre a un lien avec le diable. Et parce que dans les années 1960, le sataniste Anton LaVey a fondé l’Église de Satan et a placé le symbole avec les neuf déclarations de la Bible satanique. Cela fit de lui l’une des principales figures de ce culte.


Le Sigil de Lucifer ou « sceau de Satan »

Le sigil de Lucifer, connu parmi les satanistes théistes sous le nom de sceau de Satan, est un symbole utilisé pour se connecter à l’ange déchu Lucifer. Le sceau de Lucifer pourrait être né dans les années 1400, en Italie. Les locuteurs latins de l’Empire romain étaient connus pour utiliser le sceau de Lucifer. Mais le symbole n’a été documenté qu’au XVIe siècle, dans un texte appelé Grimoirium Verum.* Cet ouvrage a été rédigé comme un guide pratique pour invoquer et travailler avec Lucifer, Belzébuth et Astaroth, ainsi qu’avec leurs petits démons.

Le sceau de Lucifer ressemble à un calice sur lequel est dessiné un symbole X. Les experts affirment que le calice représente la création, les ténèbres fertiles qui attendent et sont prêtes pour d’innombrables possibilités. Le “X” au-dessus indique le pouvoir et le domaine du plan physique, la passion et la sensualité qui animent toutes les entités. Le triangle inversé représente l’eau, souvent désignée comme l’« Élixir d’extase » originel, sans lequel la vie physique ne pourrait exister. Le “V” au bas du sigil représente la dualité de toutes choses ; l’obscurité et la lumière, le mâle et la femelle et le pouvoir de convergence des deux en un seul manifestant l’équilibre, la création et l’existence.

Le sceau de Lucifer est utilisé comme invocation visuelle lors des rituels et permet de se connecter et de communiquer avec Lucifer. De nos jours, le symbole est utilisé aussi bien par les lucifériens que par les satanistes comme une représentation de Lucifer lui-même.

* Le Grimoirium Verum apparaît dans une liste datée 1583 des livres interdits par l’Inquisition espagnole, publiée dans l’ouvrage en 11 volumes de Jesús Martínez de Bujanda, intitulé « Index des livres interdits », volume 6, Librairie Droz, 1993.

Le nombre de la Bête de l’Apocalypse

Le nombre de la bête est associé à la Bête de l’Apocalypse au chapitre 13, verset 18 du livre de l’Apocalypse. Dans la plupart des manuscrits du Nouveau Testament et dans les traductions anglaises de la Bible, le nombre de la bête est six cent soixante-six ou χξϛ (en chiffres grecs, χ représente 600, ξ représente 60 et ϛ représente 6). Les versets 17 et 18, en grec ancien, sont les suivants :

« καὶ ἵνα μή τις δύνηται ἀγοράσαι ἢ πωλῆσαι εἰ μὴ ὁ ἔχων τὸ χάραγμα, τὸ ὄνομα τοῦ θηρίου ἢ τὸν ἀριθμὸν τοῦ ὀνόματος αὐτοῦ. ὧδε ἡ σοφία ἐστίν· ὁ ἔχων νοῦν ψηφισάτω τὸν ἀριθμὸν τοῦ θηρίου, ἀριθμὸς γὰρ ἀνθρώπου ἐστίν· καὶ ὁ ἀριθμὸς αὐτοῦ ἑξακόσιοι ἑξήκοντα ἕξ. »

La traduction de la Bible du semeur donne pour les versets 15 à 18 :

« [Il fut] même donné [à la seconde bête] d’animer l’image de la [première] bête, et l’image se mit à parler et elle faisait mourir ceux qui refusaient de l’adorer. Elle amena tous les hommes, gens du peuple et grands personnages, riches et pauvres, hommes libres et esclaves, à se faire marquer d’un signe sur la main droite ou sur le front. Et personne ne pouvait acheter ou vendre sans porter ce signe : soit le nom de la bête, soit le nombre correspondant à son nom. C’est ici qu’il faut de la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence déchiffre le nombre de la bête. Ce nombre représente le nom d’un homme, c’est : six cent soixante-six. »

Irénée (vers 130 – vers 202 après J.-C.), ancien élève de Polycarpe, qui avait été à son tour disciple de l’apôtre Jean, écrit qu’il est « plus certain et moins risqué d’attendre l’accomplissement de la prophétie que de faire des suppositions » concernant la signification du nombre. En fait, il mentionne de nombreuses solutions du nombre, comme Evanthas (ΕΥΑΝΘΑΣ), Teitan (ΤΕΙΤΑΝ) et Lateinos (ΛΑΤΕΙΝΟΣ). À propos de ce dernier, Irénée écrit en outre : « c’est une [solution] très probable, c’est le nom du dernier royaume [des quatre vus par Daniel] ».


▶ L’inversion des valeurs, de l’histoire et de la mythologie ◀

Le prêtre dominicain, Paul-Adrien, nous rappelle que la compagnie La Machine a inventé une prophétie qu’elle présente comme étant une véritable prophétie retrouvée de manière archéologique. On lit sur leur site web : « Les fouilles de 1993 place Esquirol ont révélé les fondations de l’antique temple Capitole de Toulouse. Les archéologues y ont fait une découverte d’importance : un fragment d’inscription en langue étrusque, gravée sur une pierre dans les fondations. Après 25 ans de recherche pour en connaître la signification, les chercheurs ont pu déchiffrer ce qui semble être un oracle rendu par une éminente sibylle étrusque. » Le père Paul-Adrien nous dit dans sa vidéo : « Vous voyez dans ce qu’il faut bien appeler un pieux mensonge, parce que cette prophétie n’a jamais été retrouvée de manière archéologique, comment sur le site officiel de la ville de Toulouse, à dessein, vous brouillez la frontière entre fiction et réalité, entre divertissement et science, le tout pour légitimer une parrhèsia ou en tout cas rajouter du fantasme et de la puissance narrative. » Or, cette fabulation a été reprise avec le même sérieux par le journal La Dépêche, ainsi que dans le livret officiel de l’événement et le livret conçu pour les enfants pour qu’ils puissent découvrir ce fameux spectacle.

Mgr Guy de Kerimel refuse ce combat entre l’apôtre du Mal et l’apôtre du Bien. « Notre seul ennemi c’est le Satan, c’est l’Adversaire comme on l’appelle, mais pas les personnes humaines », dit-il lors d’une entrevue à RCF Radio. Il ajoutait : « Souvenez-vous les paroles de Jésus en Croix : “Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font”. C’est-à-dire que le démon peut se servir à notre insu de nous pour faire du mal. » Quelques jours plus tôt, il disait lors d’une autre entrevue sur Radio Présence : « La Porte des ténèbres pour les chrétiens que nous sommes évoque l’enfer, ça évoque Satan, et donc évidemment nous ne pouvons pas nous réjouir de ce spectacle. Et de fait, il y a pas mal de symboles sataniques ou ésotériques dans ce spectacle tel que l’affiche le montre ou tel que l’annonce la présentation du spectacle. »

François Delarozière n’est peut-être pas un sataniste au sens littéral du terme, mais il a tout de même un attrait très prononcé pour l’occultisme. Une internaute sur le réseau X/Twitter nous rappelait que ses Machines Vivantes ont participé au festival Pink Paradize 2023, alors que l’affiche nous montrait le Minotaure tenant le marteau et la tenaille, qui sont des attributs de Notre-Dame de La Salette. Je vous rappelle aussi que la Gardienne des Ténèbres, Lilith, a été conçue et a fait sa première apparition à l’un des plus grands festivals de metal en Europe en 2024, le Hellfest, c’est-à-dire le festival de l’enfer.

Voici l’histoire des trois protagonistes, Astérion, Ariane et Lilith, racontée dans le livret officiel de l’opéra urbain, un guide du promeneur qui ressemble quasiment à une sorte de missel occulte :

Surgie du monde inférieur, la Gardienne des Ténèbres paraît endormie dans la ville. Des eaux du fleuve, apparaissent les signes prophétiques et prodigieux. Astérion, le Minotaure, protecteur de la cité, alerté par cette présence a rejoint le cœur de ville. Ariane veille sur son demi-frère depuis les toits de la Cité. Elle a tissé une toile entre les façades. Trois signes prodigieux, la croix de Satan, le Sigil de Lucifer et le signe de la bête sont apparus sur les rives du fleuve. Ils sont les clés de La Porte des Ténèbres.

Lilith s’approche d’Astérion endormi, humant sa peau et lui soufflant ses embruns maléfiques. Envoûté, Astérion sort de son rêve, fasciné par cette créature. Il voit en elle une part de lui-même. L’histoire de l’un fait écho à celle de l’autre. Monstrueux comme elle, lui aussi a été longtemps banni, condamné à l’exil, et chassé par les hommes. Les deux créatures s’amusent ensemble dans des galeries encore inexplorées. Elles se perdent dans les rues étroites et monochromes de Toulouse. Subjugué, Astérion fait jouer pour Lilith de la musique aux balcons de la ville. Ils marchent côte à côte, se croisent, se rencontrent et vivent leur amour factice. 

Alertée par les dieux, Ariane s’éveille et marche vers le cœur de la cité, elle inspecte les lieux, pressée de retrouver Astérion qu’elle sait en danger. Elle tente d’éloigner Lilith. Pour ouvrir la Porte des Ténèbres et le passage vers l’au-delà, Lilith continue d’assembler les signes prodigieux. Un chant céleste émane des arbres et une brume envahit la place. Guidé par Apollon, Astérion retrouve ses esprits. Lilith s’éveille et se dirige vers le second signe. Agile et rapide, Lilith se faufile plus vite qu’Astérion dans les ruelles étroites. Lilith déplace l’objet malin et les formes géométriques s’enclenchent pour former la Porte des Ténèbres.

Lilith lutte contre Astérion, qui tente de bloquer son avancée. Plus agile, elle emprunte des chemins détournés, ruelles et ponts pour rejoindre l’autre rive du fleuve. Elle y trouve le dernier signe, s’installe et s’endort veillant sur son butin. Astérion rejoint Ariane au cœur du labyrinthe pour reprendre des forces. Lilith fait glisser le troisième signe prodigieux sur l’eau. Elle réunit et assemble les clés pour ouvrir un passage vers l’au-delà. Lilith active la Porte ouvrant la voie vers les enfers. Aidé par Poséidon, Astérion parvient à faire reculer Lilith et fermer le passage. Victorieux, Le Gardien du Temple s’endort.

Le quotidien La Dépêche parle d’une fin exaltante : « Lilith s’affairait à assembler la porte des ténèbres, embrasée devant elle. Elle réunissait et assemblait les clés pour ouvrir un passage vers l’au-delà représenté par des braseros en feu sur le pont ». Et c’est alors qu’Astérion fait reculer la gardienne des ténèbres Lilith et parvient à fermer la porte. Victorieux de cet affrontement, le spectacle se termine dans une émotion complète, où Le gardien du temple s’endort. « Les spectateurs applaudissent en cœur, émus par ce qu’ils viennent de voir. Malgré le monde, tous semblent ravit d’avoir assister à une telle représentation. »

Le martyr de Saint Saturnin. La légende raconte que le taureau, pris d’une rage folle, descendit à toute allure les marches du Capitole, traînant derrière lui l’évêque. Sa tête explosa sur les marches du temple.

C’est ici que l’on s’aperçoit que le directeur artistique de la compagnie La Machine, François Delarozière, inverse l’histoire, la mythologie et les valeurs spirituelles qui en découlent. La ville de Toulouse et les organisateurs de l’opéra urbain “Le Gardien du Temple – La Porte des Ténèbres” ont décidé d’un commun accord que le Minotaure Astérion devenait par un renversement le protecteur de la cité, alors que traditionnellement c’était plutôt Saint Saturnin, 1er évêque de Toulouse, qui jouait ce rôle. Contrairement à ce qui est présenté dans le spectacle, le taureau fut la cause du martyr de Saturnin. En effet, les prêtres païens attribuaient le silence de leurs oracles à la présence fréquente du saint homme devant le capitole (à ne pas confondre avec l’actuel Capitole de Toulouse). Un jour, ils s’emparèrent de lui et, devant son refus inébranlable d’honorer l’empereur en lui sacrifiant un taureau, ils le condamnèrent à être attaché par les pieds à un taureau qui le traîna à travers la ville jusqu’à ce que la corde se brise.

Astérion le Minotaure incarne, dans la logique de La Halle de la Machine, le protecteur de Toulouse. Après qu’il en soit tombé amoureux, Astérion combat Lilith la Gardienne des Ténèbres pour la renvoyer d’où elle vient. Le Père Hervé Gaignard, Vicaire général du diocèse de Toulouse, explique : « Dans la mythologie, le Minotaure est une figure du mal. Il est d’ailleurs vaincu par un être humain. » Il est tout à fait possible de réinterpréter un mythe comme le dit François Delarozière, mais non pas de l’inverser pour en faire une complète dichotomie. Sarah Sauquet écrit sur le blog de Gallica : « Reprendre et réinterpréter pose, bien sûr, des problèmes d’interprétation, des risques de trahison ou d’affadissement des mythes – Le Virgile travesti de Scarron ou “Le Carnaval de chefs-d’œuvre” de Georges Fourest – peuvent prêter à sourire, ou faire grincer des dents, mais s’emparer d’un mythe littéraire, c’est avant tout transmettre, bien souvent actualiser, révéler d’autres enjeux littéraires et pérenniser. » Elle poursuit plus loin : « Par l’incarnation de valeurs, ces mythes antiques et littéraires peuvent constituer un point de repère, un modèle, un phare vers lequel se tourner face à l’évolution du monde et des mœurs. »

N’oublions pas que le Mal ne peut pas combattre le Mal : « Si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même; comment donc son royaume subsistera-t-il ? » (Matthieu 12:26) Dans la mythologie grecque, le Minotaure est une créature représentée avec la tête et la queue d’un taureau et le corps d’un homme. Il demeurait au centre du Labyrinthe sur ordre du roi Minos de Crète. Selon la tradition, tous les neuf ans, le peuple d’Athènes était contraint par le roi Minos de choisir quatorze jeunes citoyens nobles (sept hommes et sept femmes) à offrir comme victimes sacrificielles au Minotaure en représailles de la mort du fils de Minos, Androgeos. Le Minotaure fut finalement tué par le héros athénien Thésée, qui réussit à parcourir le labyrinthe avec l’aide d’un fil que lui avait offert la fille du roi, Ariane.

Le Minotaure est donc une autre figure de la divinité païenne Moloch, à qui on offrait des sacrifices d’enfants à l’emplacement du tophet, juste à l’extérieur de la ville de l’ancienne Jérusalem. On peut donc se demander pourquoi les organisateurs de l’opéra urbain ont choisi Astérion pour en faire le protecteur de la ville de Toulouse, alors qu’il s’agit en fait d’un monstre hybride, un être maléfique à qui l’on doit sacrifier des êtres humains ! On peut aussi se demander pourquoi représenter Ariane sous les traits d’une araignée géante, alors que celle-ci était une princesse crétoise, fille du roi Minos.

François Delarozière n’en est pas à ses derniers exploits en ce qui concerne la distorsion de l’histoire et des anciennes légendes, puisque Lilith n’a absolument aucun lien avec la mythologie grecque. Alors, pourquoi l’intégrer au spectacle ? En effet, Lilith est une figure féminine qui apparaît dans le Talmud et les Midrashim, dans les livres externes, dans la littérature kabbalistique et dans les contes populaires comme étant un symbole de rébellion, de meurtre, de méchanceté et de manque de pudeur. Elle guette les hommes et les séduit pour les féconder et voler leur semence et sa progéniture est des démons et de la vermine. Dans la croyance populaire, Lilith est considérée comme particulièrement dangereuse pour les mères et les nouveau-nés qui doivent être protégés d’elle par des amulettes et des sorts. Lilith est théorisée comme étant la première épouse d’Adam et une démone primordiale.

Lilith n’est mentionnée qu’une seule fois dans la Bible, soit dans Isaïe 34:14. Au IVe siècle, la Vulgate traduit le même mot par « lamia » : « Et occurrent daemonia onocentauris, et pilosus clamabit alter ad alterum; ibi cubavit lamia, et invenit sibi requiem ». La traduction étant : « Et les démons rencontreront les monstres, et l’un velu criera à l’autre ; là la lamie s’est couchée et a trouvé le repos pour elle-même ».

Lilith apparaît quatre fois dans le Talmud. Elle est décrite comme un démon féminin aux cheveux longs et pourvu d’ailes (Talmud de Babylone Eruvin 100a et Nidda 24b). Sa figure de succube est mise en avant. Le tanna du Ier siècle rabbi Hanina ben Dossa met en garde les hommes dormant seuls dans une maison de crainte que Lilith ne s’approche d’eux (Shabbat 151b). Elle est la fille d’Ahriman, l’adversaire d’Ormuzd dans la religion zoroastrienne (Baba Batra 73a). Dans le Talmud, Lilith est une créature qui s’attaque à tous les humains, pas spécifiquement aux enfants.

Le Sefer Raziel (en hébreu ספר רזיאל המלאך) : Amulette hébraïque médiévale destinée à protéger une mère et son enfant de Lilith. Dans la vignette de gauche, représentation des anges Sanoï, Sansenoï et Samangelof avec leur nom. Au-dessus figure la phrase « Adam et Ève. Lilith dehors ».

Thésée et le Minotaure (titre original italien : « Teseo contro il minotauro ») est un film d’aventure italien réalisé par Silvio Amadio et sorti en 1960.

SYNOPSIS : Alors qu’ils rentrent à Athènes, Thésée et son ami Demetrios sauvent une belle jeune femme de la mort, Ariane. Demetrios trouve frappante la ressemblance entre Ariane et sa reine, Phèdre, qui règne sur la Crète. Quant à Thésée, il en tombe immédiatement amoureux et va la présenter à son père, le roi d’Athènes. Mais Phèdre donne l’ordre à Demetrios d’éliminer Ariane. Il ne peut s’y contraindre et se confie à Thésée. Ce dernier décide alors de se rendre en Crète, afin de rencontrer Phèdre et de comprendre pourquoi la reine désire tant la mort de celle qu’il aime.

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Victoria
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