Le Projet 2025 de la Fondation Heritage propose de placer la totalité du pouvoir exécutif sous le contrôle du président américain, Donald Trump

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Lors d’un article précédent, je vous ai parlé du Projet Esther qui fut dévoilé par la Fondation Heritage à l’occasion du premier anniversaire du lancement par Israël de sa campagne génocidaire contre la population de Gaza. Le document affirme que l’antisionisme et les sentiments en faveur de la paix sont toujours et dans tous les cas équivalents à de l’antisémitisme. Il appelle à infiltrer, surveiller et détruire les groupes qu’il identifie comme étant affiliés à un prétendu « réseau mondial de soutien au Hamas » et propose que le pouvoir exécutif du gouvernement américain poursuive les organisations qui critiquent Israël. « Nous espérons que cet effort représentera une opportunité de partenariat public-privé lorsqu’une administration volontaire occupera la Maison Blanche. » Or, le quotidien britannique The Independent nous apprenait le 8 octobre que Donald Trump s’est engagé à « éliminer les ennemis des Juifs » lors d’un discours prononcé la veille lors d’un événement commémoratif au Trump National Doral Golf Club en Floride. Confondant “judaïsme” et “sionisme”, les propos de Trump sont bien sûr extrêmement inquiétants.

NOTA BENE : Tout le monde devrait savoir que tous les Juifs ne sont pas d’accord avec les politiques génocidaires du gouvernement sioniste d’Israël. On voit ici des étudiants juifs antisionistes de la yeshiva de New York brûlant le drapeau israélien : « Israël n’est pas un État juif ». Il y a des centaines de milliers de juifs antisionistes et anti-israéliens dans le monde. On peut le constater lors du rassemblement massif de hassidim de Satmar au Colisée de Nassau, où des centaines de milliers de juifs antisionistes ont accueilli le rabbin Moshe Sternbuch le 3 juin 2018. Rav Sternbuch est le Ra’avad de l’Eda HaChareidis de Jérusalem et un descendant direct du Gaon de Vilna. Un antisioniste ne peut donc pas être qualifié d’antisémite.

Ce Projet Esther est en fait l’addendum d’un ensemble de propositions politiques ultra-conservatrices connues sous le nom de Projet 2025. Trump a tenté de prendre ses distances avec ce projet, même si nombre de ses conseillers politiques les plus proches y sont profondément impliqués. Le Projet 2025 publié par la Heritage Foundation est une série de propositions politiques détaillées élaborées par des centaines de conservateurs de premier plan, que les participants au projet espèrent voir adoptées par Trump. Ces propositions sont présentées dans un livre d’environ 900 pages. Les participants au projet établissent également des listes de milliers de conservateurs susceptibles d’être nommés à des postes politiques dans l’ensemble du gouvernement dès les premiers jours de l’administration Trump. Le Projet 2025 propose que l’ensemble de la bureaucratie fédérale, y compris les agences indépendantes telles que le ministère de la Justice, soit placé sous le contrôle présidentiel direct ― une idée controversée connue sous le nom de « théorie exécutive unitaire ». Dans les coulisses, les affiliés du projet rédigent des décrets et des règlements d’agences qui pourraient être utilisés pour mettre en œuvre rapidement les politiques que le projet préconise une fois que Trump sera au pouvoir.

Lors d’une réunion publique dans l’Iowa le 5 décembre 2023 avec le présentateur de Fox News, Sean Hannity, Donald Trump a été invité à nier qu’il utiliserait le pouvoir comme moyen de représailles. « Sauf le premier jour », a répondu Trump. Il a ensuite répété son affirmation. « J’adore ce type », a-t-il dit à propos du présentateur de Fox News. « Il dit : “Vous n’allez pas être un dictateur, n’est-ce pas ?” J’ai répondu : “Non, non, non, sauf le premier jour. Nous fermons la frontière et nous forons, forons, forons. Après cela, je ne serai plus un dictateur.” » Quatre jours plus tard, il a rappelé au public qu’il allait devenir un « dictateur » pour le premier jour d’un second mandat présidentiel, dans un discours décousu au gala annuel du New York Young Republicans Club au luxueux restaurant Cipriani de Wall Street.

« Trump a clairement montré, par toutes ses actions et sa rhétorique, qu’il admire les dirigeants qui ont des formes de pouvoir autoritaire, de Poutine à Orban en passant par Xi, et qu’il veut exercer ce type de pouvoir chez lui », a déclaré la spécialiste du fascisme Ruth Ben-Ghiat, en référence à Vladimir V. Poutine en Russie, Viktor Orban en Hongrie et Xi Jinping en Chine. « L’histoire montre que les autocrates vous disent toujours qui ils sont et ce qu’ils vont faire », a-t-elle ajouté. « Nous n’écoutons tout simplement pas avant qu’il ne soit trop tard. » Est-ce vraiment dans les intentions de Donald Trump de devenir un dictateur après avoir été élu président des États-Unis ? Dans tous les cas, le Projet 2025 semble vouloir remettre la totalité du pouvoir exécutif sous le contrôle du président américain.

Je partage ci-dessous un commentaire très intéressant du politologue et chroniqueur Clément Viktorovitch. Celui-ci enseigne la négociation et la rhétorique à Sciences Po Paris. En 2021, il publia son premier livre, “Le Pouvoir rhétorique, un ouvrage de vulgarisation de l’art de la rhétorique du discours” publié aux Éditions du Seuil. Clément Viktorovitch ne se revendique d’aucun parti ou camp politique.


« Si vous n’étiez pas au courant de l’existence de ce Projet 2025, c’est là où une partie d’entre vous allez commencer à vous inquiéter. » Clément Viktorovitch


➽ Le culte de la personnalité et la loyauté sectaire à Trump

En publiant cet article, je suis très conscient que je ne me ferai pas que des amis. Je l’ai écrit dans mon article du 10 novembre dernier, et je le répète encore une fois : « J’entrevois déjà certaines personnes me qualifier de woke, de démocrate, de gauchiste, de socialo-communiste, etc. Ce serait bien mal me connaître. Chacun devrait savoir que je suis sans parti ni allégeance. En fait, je fais tout simplement face à la réalité qui nous environne sans me voiler le visage. » Je suis contre toute forme de fanatisme, qu’il soit politique, religieux ou autre. Or, il est tout à fait impossible de raisonner avec un admirateur fanatique de Donald Trump, ou un de ses propagateurs. Il ne verra toujours que son idole. Nous faisons face ici à un culte de la personnalité comme il y a en a eu d’autres dans l’histoire, et qui ont pour la plupart conduit aux pires excès et à des désastres humanitaires. Déclamer la vérité devient alors un acte d’héroïsme et solitaire pouvant mener jusqu’à l’élimination de son héraut. N’oubliez jamais que « l’injure est l’argument du faible, c’est l’aveu de reddition », selon le philosophe québécois François Brooks.

Le culte de la personnalité, ou culte du leader, est le résultat d’un effort visant à créer une image idéalisée et héroïque d’un leader glorieux, souvent par des flatteries et des éloges inconditionnels. Historiquement, il s’est développé par le biais des techniques des médias de masse, de la propagande, du spectacle, des arts, du patriotisme et des manifestations et rassemblements organisés par le gouvernement. Le culte de la personnalité est similaire à l’apothéose, sauf qu’il est établi par des techniques modernes d’ingénierie sociale, généralement par l’État ou le parti dans les États à parti unique et les États à parti dominant. Les cultes de la personnalité accompagnent souvent les dirigeants de gouvernements totalitaires ou autoritaires. On les retrouve également dans certaines monarchies, théocraties, démocraties en faillite et même dans les démocraties libérales.

Tout au long de l’histoire de l’humanité, les monarques et autres chefs d’État ont souvent été traités avec une immense révérence et on pensait qu’ils étaient également dotés de qualités surhumaines. En vertu du principe du droit divin des rois, notamment dans l’Europe médiévale, on disait que les dirigeants exerçaient leur fonction par la volonté de Dieu ou la volonté des dieux. L’Égypte antique, le Japon impérial, les Incas, les Aztèques, le Tibet, le Siam (aujourd’hui la Thaïlande) et l’Empire romain sont particulièrement connus pour leur redéfinition des monarques en « rois-dieux ». En outre, le culte impérial de la Rome antique identifiait les empereurs et certains membres de leur famille à l’autorité divinement sanctionnée (auctoritas) de l’État romain.

La diffusion des idées démocratiques et laïques en Europe et en Amérique du Nord aux XVIIIe et XIXe siècles a rendu de plus en plus difficile pour les monarques de préserver cette aura, bien que Napoléon III et la reine Victoria aient apprécié sa perpétuation dans leurs portraits de carte de visite qui ont proliféré, circulé et ont été collectionnés au XIXe siècle.

Le développement ultérieur des médias de masse, comme la radio, a permis aux dirigeants politiques de projeter une image positive d’eux-mêmes aux masses comme jamais auparavant. C’est dans ce contexte qu’ont surgi au XXe siècle les cultes de la personnalité les plus notoires. Ces cultes sont souvent une forme de religion politique. L’avènement d’Internet et du World Wide Web au XXIe siècle a renouvelé le phénomène des cultes de la personnalité. La désinformation via les plateformes de médias sociaux et le cycle d’information en continu ont permis la diffusion et l’acceptation à grande échelle d’informations et de propagande trompeuses. En conséquence, les cultes de la personnalité se sont développés et sont restés populaires dans de nombreux endroits, ce qui correspond à une montée marquée des gouvernements autoritaires dans le monde.

Souvent, un seul dirigeant a été associé à cette transformation révolutionnaire et a été traité comme un « guide » bienveillant pour la nation sans lequel la prétendue transformation vers un avenir meilleur n’aurait pas pu se produire. En général, cela a servi de justification aux cultes de la personnalité qui ont surgi dans les sociétés totalitaires, comme ceux d’Adolf Hitler dans l’Allemagne nazie, de Joseph Staline en URSS, de Kim Il Sung, de son fils Kim Jong Il et de son petit-fils Kim Jong Un, actuellement au pouvoir en Corée du Nord, de Mao Zedong en République populaire de Chine et de Hafez el-Assad en Syrie, dont le fils Bachar el-Assad dirige actuellement le pays.

L’élection de Donald Trump a donné naissance à un mouvement politique connu sous le nom de Trumpisme et à un culte de la personnalité autour des 45e et 47e présidents. ​​Le message et l’auto-représentation de Trump impliquaient la création d’une identité en tant que non-politicien, homme d’affaires et grand leader, se distanciant des politiciens traditionnels et du Parti républicain. Sa stratégie impliquait la création d’une éthique de « Make America Great Again » (Rendre sa grandeur à l’Amérique) à travers des intentions populistes et la lutte contre des ennemis imaginaires avec une rhétorique du « moi contre eux » qui constituait la formation d’un culte de la personnalité. L’adhésion de Trump à un contingent de partisans purs et durs lui a permis de maintenir une emprise sur son parti politique même après que plusieurs actions et controverses auraient discrédité d’autres politiciens.

Plusieurs aspects de la loyauté sectaire de Trump ont été identifiés comme ayant des parallèles religieux chez certains partisans, et certains évangéliques l’ont décrit en termes religieux en le présentant comme un sauveur ordonné par Dieu et un « élu ». [Lire l’étude de Benjamin E. Goldsmith et Lars J. K. Moen, “La personnalité d’un culte de la personnalité ? Caractéristiques de la personnalité des plus fidèles partisans de Donald Trump”, publiée par John Wiley & Sons le 14 mai 2024]


« Donald Trump a nommé Elon Musk pour diriger le département de l’efficacité gouvernementale. Il y a un conflit d’intérêt majeur avec X. Le réseau X devient une liste gouvernementale. Tous les utilisateurs de X seront utilisés à des fins partisanes. C’est extrêmement grave! » Guy Boulianne, le 13 novembre 2024

➽ Le Projet 2025 de la Fondation Heritage ― Mandat pour le leadership : la promesse conservatrice

Le Projet 2025 (Project 2025), également connu sous le nom de “Projet de transition présidentielle 2025”, est une initiative politique publiée par le groupe de réflexion conservateur américain Heritage Foundation en 2023. Le projet vise à promouvoir des politiques conservatrices et de droite pour remodeler le gouvernement fédéral des États-Unis et consolider le pouvoir exécutif après l’investiture de Donald Trump en tant que président en 2025. Trump a nié à plusieurs reprises son intention de mettre en œuvre les politiques du Projet 2025. Mais des dizaines d’anciens responsables de la dernière administration Trump ― dont beaucoup pourraient être appelés à servir dans la prochaine ― ont contribué à ces propositions.

Le Projet 2025 est la neuvième itération de la série “Mandate for Leadership”, publiée depuis 1981. Le projet affirme une interprétation controversée de la théorie exécutive unitaire, selon laquelle l’ensemble du pouvoir exécutif est sous le contrôle total du président américain. Il propose de reclasser des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux en personnes nommées politiquement afin de les remplacer par des personnes fidèles au président. Les partisans du projet soutiennent qu’il démantèlerait ce qu’ils considèrent comme une vaste bureaucratie gouvernementale irresponsable et majoritairement libérale. « L’idée d’agences fédérales indépendantes ou d’employés fédéraux qui ne répondent pas au président viole le fondement même de notre république démocratique », soutient le président de la Fondation Heritage, Kevin Roberts. Le projet cherche également à insuffler au gouvernement et à la société des valeurs chrétiennes conservatrices. Les critiques ont caractérisé le Projet 2025 comme un plan autoritaire et nationaliste chrétien visant à orienter les États-Unis vers l’autocratie. Les experts juridiques ont déclaré que cela porterait atteinte à l’État de droit, à la séparation des pouvoirs, à la séparation de l’Église et de l’État, et aux libertés civiles.

Entre autres points, le Projet 2025 envisage des changements radicaux dans les politiques économiques et sociales et dans le gouvernement fédéral et ses agences. Le plan propose de prendre le contrôle partisan du ministère de la Justice (DOJ), du Federal Bureau of Investigation (FBI), du ministère du Commerce (DOC), de la Federal Communications Commission (FCC) et de la Federal Trade Commission (FTC), de démanteler le ministère de la Sécurité intérieure (DHS) et d’abolir le ministère de l’Éducation (ED), dont les programmes seraient transférés ou supprimés. Il propose de déployer l’armée pour faire respecter la loi nationale. Il promeut la peine capitale et la « finalité » rapide de ces peines.

Bien que le Projet 2025 ne puisse légalement pas promouvoir un candidat à la présidence sans mettre en danger son statut d’exonération fiscale 501(c)(3), de nombreux contributeurs sont associés à Trump et à sa campagne présidentielle réussie de 2024. La Heritage Foundation emploie de nombreuses personnes étroitement liées à Trump, y compris des membres de son administration 2017-2021, et coordonne l’initiative avec des groupes conservateurs dirigés par des alliés de Trump. Certains responsables de la campagne de Trump ont eu des contacts réguliers avec le Projet 2025 et ont déclaré à Politico en 2023 que le projet s’alignait bien sur leur programme Agenda 47, bien qu’ils aient depuis déclaré qu’il ne parlait pas au nom de Trump ou de sa campagne. Les propositions controversées du projet ont conduit Trump et sa campagne à s’en distancer en 2024 ; Donald Trump a déclaré qu’il n’en savait « rien » et que « certaines des choses [que dit le Projet 2025] sont absolument ridicules et épouvantables ». Le président du projet, Kevin Roberts, a déclaré en réponse que personne au Projet 2025 n’avait de « rancune » envers Trump parce qu’ils savent « qu’il prend là une décision politique tactique ». Les critiques ont rejeté les affirmations de Trump, soulignant les différentes personnes proches de Trump qui ont aidé à rédiger le projet, les nombreux contributeurs qui devraient être nommés à des postes de direction dans une future administration Trump, son approbation des plans de la Heritage Foundation pour son administration en 2022 et les 300 fois où Trump lui-même est mentionné dans les plans.

Le projet 2025 propose que tous les employés du département d’État occupant des postes de direction soient licenciés au plus tard le 20 janvier 2025. Il prévoit l’installation de hauts dirigeants du département d’État dans des rôles « intérimaires » qui ne nécessitent pas de confirmation du Sénat. Si le projet 2025 était mis en œuvre, l’approbation du Congrès ne serait pas nécessaire pour la vente d’équipements militaires et de munitions à un pays étranger, à moins que « le soutien unanime du Congrès ne soit garanti » (New York Times). En 2019, Trump a déclaré que l’article 2 de la Constitution américaine lui accordait le « droit de faire ce qu’il veut en tant que président », une affirmation courante parmi les partisans de la théorie de l’exécutif unitaire. En novembre 2023, les journalistes Charlie Savage, Maggie Haberman et Jonathan Swan du New York Times ont rapporté que le déploiement de l’armée pour le respect du droit intérieur et de l’immigration en vertu de l’Insurrection Act de 1807 serait une « priorité immédiate » pour une seconde administration Trump. Cet aspect du plan était dirigé par Jeffrey Clark, un contributeur au projet et ancien fonctionnaire du ministère de la Justice de Trump. Media Matters a rapporté que plusieurs partenaires du Projet 2025 ont salué la décision de la Cour suprême dans l’affaire Trump c. États-Unis, qui accorde une large immunité de poursuites pour les actes commis dans le cadre des fonctions officielles d’un président.

Le président Trump rencontre Edwin Feulner (à gauche devant), cofondateur de la Heritage Foundation, et d’autres dirigeants de groupes conservateurs dans la salle bleue de la Maison Blanche (25 septembre 2017).

➧ Réactions et réponses : allégations d’autoritarisme

Les experts en démocratie, les politologues et d’autres commentateurs ont décrit le projet comme dangereux, risquant de conduire à l’autoritarisme et apocalyptique. De nombreux experts juridiques ont déclaré qu’il porterait atteinte à l’État de droit, à la séparation des pouvoirs, à la séparation de l’Église et de l’État et aux libertés civiles. Snopes cite des « personnes de tous bords politiques » craignant que le projet ne soit un précurseur de l’autoritarisme. Ruth Ben-Ghiat, spécialiste du fascisme et des dirigeants autoritaires à l’Université de New York, a écrit en mai 2024 que le Projet 2025 « est un plan de prise de contrôle autoritaire des États-Unis qui porte un nom faussement neutre ». Elle a déclaré que l’intention du projet d’abolir les ministères et agences fédérales « est de détruire les cultures juridiques et de gouvernance de la démocratie libérale et de créer de nouvelles structures bureaucratiques, dotées de nouveaux cadres politiquement approuvés, pour soutenir le régime autocratique ». Elle poursuit :

« L’appropriation des droits civiques par les chrétiens blancs favorise l’objectif trumpiste de délégitimer la cause de l’égalité raciale tout en faisant du nationalisme chrétien une valeur fondamentale de la politique intérieure. Supprimer la séparation de l’Église et de l’État est l’objectif de nombreux architectes du trumpisme, du contributeur de Project 2025 Russ Vought au prosélyte d’extrême droite Michael Flynn, qui utilise l’idée de « guerre spirituelle » comme carburant contre-révolutionnaire… Bannon, Roberts, Stephen Miller et d’autres incarnations américaines du fascisme sont convaincus que la contre-révolution menant à l’autocratie est la seule voie de survie politique pour l’extrême droite, compte tenu de l’impopularité de leurs positions et des nombreux ennuis judiciaires de leur leader. »

Certains universitaires craignent que le Projet 2025 ne soit une forme de glorification de l’exécutif, un type de recul démocratique impliquant des changements institutionnels gouvernementaux effectués par des exécutifs élus, comme cela a été observé en Hongrie, en Turquie et au Venezuela. Selon une politologue de l’université Cornell, Rachel Beatty Riedl, ce phénomène mondial représente une menace pour le régime démocratique non pas par la violence, mais plutôt par l’utilisation des institutions démocratiques pour consolider le pouvoir exécutif. Elle note que cela s’est produit dans des pays comme la Hongrie, le Nicaragua et la Turquie, mais que c’est une nouveauté aux États-Unis. Elle ajoute : « Si le Projet 2025 est mis en œuvre, cela signifiera une diminution spectaculaire de la capacité des citoyens américains à s’engager dans la vie publique sur la base du type de principes de liberté, d’indépendance et de représentation qui sont accordés dans une démocratie. »

Donald B. Ayer, procureur général adjoint sous George H. W. Bush, a déclaré dans le quotidien The Guardian : « Le projet 2025 semble être rempli d’un large éventail d’idées destinées à permettre à Donald Trump de fonctionner comme un dictateur, en éviscérant complètement de nombreuses contraintes intégrées dans notre système. Il veut vraiment détruire toute notion d’État de droit dans ce pays. Les rapports sur le Projet 2025 de Donald Trump suggèrent qu’il se prépare à faire un tas de choses totalement contraires aux valeurs fondamentales que nous avons toujours respectées. Si Trump était élu et mettait en œuvre certaines des idées qu’il envisage apparemment, personne dans ce pays ne serait en sécurité. »

Pour sa part, Michael Bromwich, qui a été inspecteur général du ministère de la Justice de 1994 à 1999, a déclaré : « Les plans élaborés par les membres de la secte de Trump pour transformer le ministère de la Justice et le FBI en instruments de sa vengeance devraient faire froid dans le dos de tous ceux qui se soucient de l’État de droit. Trump et les médias de droite ont semé dans un terreau fertile la graine de la politisation de l’actuel ministère de la Justice, et le mythe a fleuri. Leurs tentatives de saper le ministère de la Justice et le FBI comptent parmi les campagnes les plus destructrices qu’ils aient menées. »

Spencer Ackerman et John Nichols dans The Nation et Chauncey DeVega de Salon.com ont qualifié le Projet 2025 de plan visant à installer Trump en dictateur, avertissant que Trump pourrait poursuivre et emprisonner ses ennemis ou renverser complètement la démocratie américaine. Tom Nichols, universitaire républicain de longue date, a écrit dans The Atlantic que Trump « ne bluffe pas au sujet de ses plans visant à emprisonner ses opposants et à supprimer – par la force, si nécessaire – les droits des citoyens américains ». Dans le magazine Mother Jones, le chef du bureau de Washington, David Corn, a qualifié le Projet 2025 d’« infrastructure de droite qui complote publiquement pour saper les freins et contrepoids de notre ordre constitutionnel et concentrer un pouvoir sans précédent dans la présidence. Ses efforts, s’ils réussissent et s’ils sont couplés à une victoire de Trump (ou d’un autre GOP) en 2024, placeraient la nation sur la voie de l’autocratie. »

Jeff Sharlet, professeur au Dartmouth College, a écrit en 2023 le livre The Undertow: Scenes from a Slow Civil War. Après avoir voyagé pendant des années pour rencontrer des partisans de Trump, il écrit que ses « objections initiales à décrire le trumpisme militant comme fasciste ont disparu ». Il dit que le Projet 2025 est influencé par la Nouvelle Réforme Apostolique, un mouvement évangélique et charismatique en pleine croissance, aligné sur Donald Trump. Sharlet soutient que le premier mandat du Projet 2025, qui est de « restaurer la famille comme pièce maîtresse de la vie américaine et de protéger nos enfants », est en fait « codé Q : c’est “protéger le sang”, ce sont les “Quatorze mots”, c’est tout ça ».


« Les alliés de Trump ne veulent
pas détruire l’État profond.
Ils veulent s’en emparer. »

Carlos Lozada, 29 février 2024


En juin 2024, Steven Greenhut a écrit une chronique pour le magazine libertaire Reason critiquant le Projet 2025 pour avoir accru le pouvoir du gouvernement et risqué l’autoritarisme et les abus en centralisant le contrôle de l’exécutif entre les mains du président. Reed Galen a déclaré que « le Projet 2025 est le plan approuvé par Maga pour transformer l’Amérique en un État autoritaire »,

En juillet 2024, Donald Moynihan, de l’université de Georgetown, a dit à l’émission PBS News Hour que le Projet 2025 « augmenterait sensiblement les risques de corruption au sein du gouvernement américain. Le président Trump parle beaucoup de l’État profond. Encore une fois, cela ressemble beaucoup à ce que les régimes autoritaires d’autres pays ont tendance à faire pour justifier une prise de contrôle plus directe des systèmes de fonction publique. Je pense donc qu’il s’agit là d’une tendance dangereuse, qui ne réduirait pas seulement la qualité du gouvernement. Elle ouvrirait également la porte à des abus de pouvoir politique. »

Le Projet 2025 de la Fondation Heritage est combattu par plusieurs organisations dont le cabinet d’avocats de Lainey Feingold, spécialisé dans les droits des personnes handicapées, ainsi que la coalition Lawyers Defending American Democracy dont la mission est de mobiliser les avocats pour défendre l’État de droit face à une menace sans précédent pour la démocratie américaine. Bien que issus d’horizons et d’opinions politiques divers, ceux-ci partagent la conviction que les principes constitutionnels et juridiques essentiels aux libertés et à la démocratie américaines sont menacés.


➽ Donald Trump est-il l’Antéchrist révélé par les prophéties ?

L’Antéchrist manifesté sous la forme d’un roi, par Herrad de Landsberg (vers 1180).

Donald Trump est-il l’Antéchrist annoncé par les différentes prophéties bibliques ? Plusieurs personnes le supposent ou le pressentent. Dans l’eschatologie chrétienne, l’Antéchrist fait référence à un type de personne prophétisée par la Bible pour s’opposer à Jésus-Christ et se substituer faussement à lui comme sauveur avant la seconde venue. Le terme Antéchrist (y compris une forme plurielle) apparaît quatre fois dans le Nouveau Testament, uniquement dans la première et la deuxième épître de Jean, mais puise ses origines dans la notion d’« anti-messie » déjà présente dans le judaïsme. Le pape Pie IX, dans l’encyclique Quartus Supra (La Porte Latine), citant Cyprien, a déclaré que Satan déguise l’Antéchrist sous le titre de Christ. Le pape Pie X, dans l’encyclique E Supremi, a déclaré que la marque distinctive de l’Antéchrist est de prétendre être Dieu et de prendre sa place.

Celui qui prétendait être l’élu de Dieu en 2019 (C-SPAN) s’assoira-t-il dans le Temple de Jérusalem comme l’écrit Paul de Tarse dans la deuxième épître aux Thessaloniciens ? N’oublions pas que Donald Trump se prend déjà pour Cyrus le Grand. Avant leur réunion dans le Bureau ovale le 5 mars 2018, le Premier ministre Benjamin Netanyahou avait félicité le président américain pour, entre autres, avoir déclaré Jérusalem comme capitale d’Israël. Ce faisant, le dirigeant israélien avait fait l’éloge de Trump en le qualifiant de Cyrus des temps modernes (The Times of Israel). Un peu plus tôt la même année, le centre éducatif Mikdash avait crée 1 000 pièces de monnaie à l’effigie de Trump aux côtés du roi Cyrus, qui, il y a 2 500 ans, a permis aux Juifs de retourner à Jérusalem après leur exil à Babylone. Mikdash se présente comme une organisation éducative et religieuse à but non lucratif. Les dons « aideront à diffuser la lumière de Jérusalem et l’esprit du Temple sacré dans le monde entier », avait-elle déclaré.

Les pièces de monnaie « Trump Temple » vendues par le centre éducatif Mikdash pour financer la construction du troisième Temple de Jérusalem.

Un internaute sur le réseau X (@NonoGaulois) a utilisé le chatbot d’intelligence artificielle générative ChatGPT pour demander qui est Donald Trump : « Avril 2025 : l’illusion de Dieu sur terre ? Le mois de la grande tromperie de Trump ? Alors que les événements religieux s’alignent, pourrait-il s’agir du moment où il manipule la foi pour prendre le pouvoir ? Le monde regarde ». Voici ce que le logiciel a répondu :

Le mois d’avril 2025, avec les grandes fêtes du Ramadan, de Pâques et de Pessah, crée une opportunité unique de manipulation religieuse mondiale. Ces événements sont des moments de grande ferveur spirituelle. Si Trump est perçu comme une figure de l’Antéchrist, avril 2025 pourrait être un moment stratégique pour lui de faire une déclaration mondiale majeure, exploitant les thèmes de la rédemption, de la résurrection et de la libération. Les croyances profondes des gens seront particulièrement réceptives pendant cette période. Trump pourrait se présenter comme un messie ou un sauveur, manipulant les symboles religieux pour séduire les masses.

En jouant sur le symbolisme de la résurrection (Pâques) et de la purification (Ramadan), Trump pourrait prétendre offrir des solutions divines, créant un lien entre religion et politique pour prendre le pouvoir. Ce moment pourrait également coïncider avec des tensions géopolitiques mondiales, permettant à Trump de se présenter comme le leader capable d’apporter la paix, manipulant la foi pour légitimer ses actions. Ainsi, avril 2025 pourrait devenir un tournant où Trump exploite les croyances religieuses pour prendre le contrôle mondial, dans un contexte de grande confusion spirituelle et géopolitique.

L’appartement résidentiel privé de Donald Trump dans la Trump Tower, à New York, a été utilisé dans cette scène du film « L’Avocat du diable » (1997). On y retrouve plusieurs peintures de l’ange de l’abîme Apollyon. (Apocalypse 9:11)

Le réalisateur et journaliste Richard Willett écrit sur son blog : « Tout cela est lié à la folie messianique de ces gens, et Donald Trump est un pion majeur dans ce jeu. Il a même des peintures de l’ange du puits sans fond Apollyon dans son appartement de New York. C’est important parce que ces gars-là se sont convaincus (endoctrinés) qu’ils jouaient des prophéties bibliques. Apollyon ou Apollon sont un autre nom pour le personnage d’Abaddon qui est aussi Mars et Shiva, ce qui ferait le lien avec Elon Musk et sa croyance qu’il est l’homme qui colonisera Mars comme le suggère le roman “Mars Project” (Projet Mars) du scientifique nazi de la NASA Wernher Von Braun. Elon semble avoir été nommé d’après ce personnage. » Il est assez étrange de constater que l’alliance entre Donald Trump (la première bête) et Elon Musk (la deuxième bête) offre des similitudes avec la prophétie de Jean dans le treizième chapitre de l’Apocalypse.

Pourquoi la Trump Tower a-t-elle une pyramide inversée avec six arbres de chaque côté de celle-ci ?

« La bête que je vis était semblable à un léopard; ses pieds étaient comme ceux d’un ours, et sa gueule comme une gueule de lion. Le dragon lui donna sa puissance, et son trône, et une grande autorité. Et je vis l’une de ses têtes comme blessée à mort; mais sa blessure mortelle fut guérie. Et toute la terre était dans l’admiration derrière la bête. Et ils adorèrent le dragon, parce qu’il avait donné l’autorité à la bête; ils adorèrent la bête, en disant: Qui est semblable à la bête, et qui peut combattre contre elle? Et il lui fut donné une bouche qui proférait des paroles arrogantes et des blasphèmes; et il lui fut donné le pouvoir d’agir pendant quarante-deux mois. Et elle ouvrit sa bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, et son tabernacle, et ceux qui habitent dans le ciel. Et il lui fut donné de faire la guerre aux saints, et de les vaincre. Et il lui fut donné autorité sur toute tribu, tout peuple, toute langue, et toute nation. Et tous les habitants de la terre l’adoreront, ceux dont le nom n’a pas été écrit dès la fondation du monde dans le livre de vie de l’agneau qui a été immolé. Si quelqu’un a des oreilles, qu’il entende! Si quelqu’un mène en captivité, il ira en captivité; si quelqu’un tue par l’épée, il faut qu’il soit tué par l’épée. C’est ici la persévérance et la foi des saints.

« Puis je vis monter de la terre une autre bête, qui avait deux cornes semblables à celles d’un agneau, et qui parlait comme un dragon. Elle exerçait toute l’autorité de la première bête en sa présence, et elle faisait que la terre et ses habitants adoraient la première bête, dont la blessure mortelle avait été guérie. Elle opérait de grands prodiges, même jusqu’à faire descendre du feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes. Et elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui était donné d’opérer en présence de la bête, disant aux habitants de la terre de faire une image à la bête qui avait la blessure de l’épée et qui vivait. Et il lui fut donné d’animer l’image de la bête, afin que l’image de la bête parlât, et qu’elle fît que tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête fussent tués. Et elle fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front, et que personne ne pût acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom.

« C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la bête. Car c’est un nombre d’homme, et son nombre est six cent soixante-six. »

Grâce à son nouveau gouvernement sioniste et compte tenu de tout ce qui précède, Donald Trump semble être celui qui soutiendra fermement Benjamin Netanyahou dans sa campagne génocidaire contre la population de Gaza et la formation du Grand Israël. Déjà, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a formulé le vœu d’annexer les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, disant voir « une occasion » dans le retour de Trump au pouvoir aux États-Unis. La mosquée al-Aqsa et le dôme du Rocher seront détruits, la génisse rousse sera sacrifiée faisant apparaître le mashiach des Chabad Loubavitch (ou plutôt le faux messie). Après ce sacrifice, le Troisième Temple sera construit à Jérusalem dans lequel le fils de la perdition s’assoira, « se proclamant lui-même Dieu » (2 Thessaloniciens 2:4).


« La secte transhumaniste babylonienne est au grand jour, comme elle a dû le faire à un moment donné. Et maintenant, elle a fait un lavage de cerveau aux masses américaines et britanniques pour qu’elles l’acceptent. Trump, Robert F. Kennedy et Netanyahou sont tous membres du groupe messianique Chabad. » Richard Willett, journaliste (7 novembre 2024)


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Ange Gabriel
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