Extrait d’un document intitulé « Saint-Étienne de Bourges et le Fleurdelysé-Sacré-Coeur » envoyé par Guy Boulianne au Curé-Archiprêtre de Bourges Joël Massip le 11 novembre 1997. Le document intégral sera éventuellement publié avec des pièces justificatives.
« Car là où est ton trésor,
là sera aussi ton coeur »
(Matthieu VI, 21)
Sait-on aujourd’hui que le Québec réalisa ce que le Christ demanda au roi Louis XIV par l’intermédiaire de Sainte Marguerite-Marie Alcoque ? Sait-on que le Sacré-Cœur flotta sur le drapeau du Québec jusqu’en 1948 ?
Du traité de Paris jusqu’au début du XXe siècle, le drapeau britannique (Union Jack) flottait en vainqueur sur tout le Canada. Ce drapeau rappelait aux Canadiens français qu’ils étaient un peuple conquis. Mais ceux-ci n’oubliaient pas leurs origines. Des comités de citoyens actifs à Québec et à Montréal faisaient la promotion d’un drapeau national qui leur serait propre.
En 1902 le curé de Saint-Jude, Elphège Filiatrault, hissa pour la première fois sur son église un drapeau bleu portant une croix blanche et des fleurs de lys obliques pointant vers le centre.
Cette croix blanche apposée sur l’ancienne bannière de France ne constitue pas une modification aussi importante qu’on peut le croire généralement. En effet, lorsque Charles VII monta sur le trône de France¹, il ajouta au Fleurdelysé la croix blanche des Armagnacs défenseurs de la cause royale vis-à-vis des Anglais. Ces derniers avaient adopté cette croix blanche pour signe de ralliement, en opposition à leurs ennemis, en s’inspirant du lambel d’argent figurant dans les armes du duc d’Orléans. De leur côté, les Anglais arboraient la bannière de Saint-Georges, blanche avec une grande croix rouge.
La croix blanche demeura très longtemps sur les drapeaux, aussi bien sur le grand étendard des archers de Charles VII que sur celui des gardes françaises sous Louis XV. Une très curieuse ordonnance de Louis XIV en date du 9 octobre 1661 rappelle que « l’ancien pavillon de la nation française est la croix blanche dans un étendard d’étoffe bleue avec l’écu des armes de Sa Majesté sur le tout ». On voit donc par là que le drapeau de l’abbé Filiatrault ne rompait pas avec l’ancienne tradition française.
Dès l’année suivante, la société Saint-Jean-Baptiste adopta ce drapeau et ajouta en son centre l’image du Sacré-Cœur de Jésus. Il fut connu sous le nom de « Carillon-Sacré-Cœur », parce qu’il s’inspirait d’une vieille bannière présumément utilisée en 1758 à la bataille de Carillon.
Au milieu des années quarante, une campagne bien orchestrée par les sociétés Saint-Jean-Baptiste et l’Ordre de Jacques-Cartier s’amorce en vue de doter le Québec d’un drapeau distinctif. À l’Assemblée législative, le député René Chalout se fait le porte-parole du mouvement. Le 19 mars 1947, il présente une motion invitant le gouvernement à hisser au mât de son Hôtel un drapeau « qui symbolise les aspirations du peuple de cette province ». En janvier 1948, des échanges ont lieu entre Chalout et le premier ministre Maurice Duplessis. Ce dernier veut évaluer les réactions des nationalistes à l’ajout d’un emblème au centre du drapeau, là où se trouvait encore le Sacré-Cœur.
Finalement le drapeau sera adopté par le gouvernement québécois en tant qu’emblème national le 21 janvier 1948, date anniversaire de la décapitation du roi Louis XVI ! Le premier ministre annonça aux députés que le Conseil des ministres venait d’adopter un « arrêté en conseil » pour doter le Québec d’un drapeau « qui répond aux traditions, aux droits et aux prérogatives de la province ». L’arrêté décrète que le drapeau connu sous le nom de drapeau Fleurdelysé soit adopté comme emblème officiel de la province de Québec, et cela avec la modification ci-après, à savoir : que les lis soient placés en position verticale.
L’image du Sacré-Cœur fut retirée, mais le geste demeura gravé dans la mémoire des hommes et de Dieu. Ce que le roi n’avait su faire, les Canadiens français l’accomplirent avec une foi profonde : le Sacré-Cœur de Jésus régna durant 45 ans sur le peuple de la Nouvelle France ! En accomplissant ce geste, les Québécois signifièrent clairement qu’ils étaient les héritiers de la France et les gardiens de la foi chrétienne et du trésor sacré de Jérusalem. En adoptant le drapeau Fleurdelysé, la population
« exprima sa fidélité envers sa foi, sa langue et ses traditions ».²
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Sources et bibliographie :
1. Avant d’être sacré à Reims, Charles VII avait pris le titre de roi de Bourges.
2. Jacques Descheemaeker, La vérité sur le drapeau français, in : Mémoire de l’histoire, N°152, août 1962.
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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs Authorsden aux États-Unis, de la Nonfiction Authors Association (NFAA), ainsi que de la Society of Professional Journalists (SPJ). Il adhère de ce fait à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).
Je ne suis pas sans être interpellé depuis très longtemps par le symbole de la « Croix blanche » par divers faits qui l’on souvent placée sur mon chemin. J’ai aujourd’hui des réponses. Merci à vous. En outre, l’interpellation divine pour l’apposition du Coeur Sacré de Jésus sur l’étendard de la France est une demande du très Haut. La mésestimer est coupable. En chercher le sens pour aujourd’hui, maintenant, s’impose.
Une famille catholique de France.
Bravo ,Guy .
pour tout ses Nouveaux ecris.
……XX.. Morg/An/e….depuis toujours…