Un article de Noureddine Mhakkak : La force de la poésie et la vision universelle du monde — Regards sur la poésie du poète Guy Boulianne

Voici un article de Noureddine Mhakkak à propos des deux recueils de poésie de Guy Boulianne, “Avant-propos d'un prince fou” et “La bataille des saints”, paru en deux parties dans le journal Albayane au Maroc les 21 et 22 décembre 2006.

Noureddine Mhakkak

Parlons de la poésie, cela veut dire, en autre sens, parlons des expériences humaines avec une profonde vue, une vue qui résume la vie avec tous ses mouvements dans des mots, mais des mots qui recréent cette vie même dans le monde de l’imaginaire. C’est pourquoi on voit que Rilke dit que « Les vers ne sont pas des sentiments, ils sont des expériences. Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes, et de choses. » Parlons aussi de la poésie, cela veut dire parlons en plus de la nostalgie car la poésie essaie toujours de créer un monde imaginaire, par les mots sûrement, mais un monde qui reflète une grande nostalgie envers le passé. Ainsi le poète en écrivant ses poèmes, regarde, derrière et devant lui en même temps, avec un troisième œil, un œil des souvenirs, et à partir de cet œil, lui-même, il construit son propre monde. Le regard humain vers ce passé là est un regard poétique, il ressemble à celui d’Orphée, d’où viennent son étrangeté et son pouvoir magique, et même son danger. Car en retournant vers le passé et en regardant au dessous de l’épaule, le poète risque toujours de perdre quelque chose de son âme, sa bien-aimée souvent.

C’est pour cela, au moment qu’on lit quelques poètes, des vrais poètes, que l’image d’Orphée devienne brillante, comme celle du soleil, vers nos yeux, et parmi ces poètes là, le poète canadien Guy Boulianne.

Ce poète qui aime bien les mots qui dépassent l’ordinaire, les mots qui donnent à travers ses lettres des images fortes de la vie humaine dans son plus beau visage, le visage de l’amour des origines, la recherche des lieux lointains, la construction des musiques orphiques, et avant tout, la navigation dans la folie avec son propre sens poétique, celui qui désigne l’aventure et l’amour des êtres et des choses, celui qui désigne selon l’expression célèbre de Nietzsche, « l’esprit libre ».

Notre poète, dans ses deux recueils de poèmes « Avant propos d’un prince fou » et « La bataille des saints » trace son parcours poétique mobile avec patience, car le vrai poète, selon Paul Valérie, toute sa vie, cherche la poésie comme le vrai peintre qui cherche, lui aussi, toute sa vie, la peinture. Ainsi le poète est grandi, car il écrit l’amour / qui lui passe / par la bout des doigts.

Commençons d’abord par l’analyse des titres de ses deux recueils de poèmes.

Pour le premier recueil de poèmes : « Avant-propos d’un prince fou », on trouve que notre poète considère ce recueil, comme une courte préface de ce que va venir de paroles poétiques après lui, puis- qu’il ne représente qu’un avant-propos. D’autre part on peut constater aussi que ce recueil contient toutes les germes de ce qui va venir dans les autres recueils, puisque le poème est toujours marié à quelqu’un, selon l’expression de René Char. Pour les mots « prince » et « fou » , on peut dire que « prince » signifie ici, dans ce contexte, le jeune, le meilleur, l’exceptionnel, tandis que « fou » signifie : le déférant aux autres, celui qui possède le sixième sens, qui a de l’intuition fort, qui libre des normes et des traditions plus que les autres humains normaux selon la pensée freudienne et même nietzschéenne. Ce titre là nous pousse tous avec une force magique de l’esprit à franchir les portes de ce recueil et d’entrer
pour voir toutes ses chambres poétiques. On peut citer quelques vers qui montrent la richesse de ce monde poétique :

« Pour une femme
Belle comme un ange
Qui souriait au vagabond
Souvenir à ne perdre
La reverrai-je ? »

Pour le deuxième titre « la bataille des saints », est un titre problématique puisqu’il présente un monde dont la guerre est son visage le plus fort. Mais quand on lit les poèmes de ce recueil, on voit que ces poèmes là défendent l’amour, l’amitié, la tolérance, en les présentant comme les meilleurs appuis de la paix. C’est pour cela que nous trouvons des poèmes pleins de toutes ces émotions et des paroles des passions bien travaillés :

« Mais moi l’amoureux,
Je me meurs
Entre les murs de mes pensées,
Car je suis seul
Dans mon château de pierre »

« J’aimerais dormir
Sur un coussin blanc
Dans la terre qui me parait
Si accueillante
Que j’aimerais dormir
En paix »

Cette admirable vision du monde nous mène, en tant que lecteurs, vers les lumières de la vraie poésie. Celle qui représente les sentiments cachés du poète, qui n’est que l’homme de la stabilité unilatérale, selon l’expression de René Char. Ainsi on le trouve dans son poème intitulé : « Ma Mer’ » un enfant qui nous donne une image double, celle de la mère sa mère bien sûr. d’une part et celle de la mer d’une autre part. Mais ce qui est beau et attirant c’est qu’il les confond en une seule image, pour faire enrichir les significations de l’image de la mère. Ecoutons le :

« Ma Mer’
Continue de vivre
Pour que longtemps
Je puisse naviguer
Sur la valse de tes vagues »

On remarque ici que le poète, le vrai poète, en tant qu’artiste et artisan des mots représente dans le patrimoine poétique universel un fils de la mer, de l’océan, puisqu’il aime toujours être libre comme ses vagues, on trouve cette comparaison de homme libre avec la mer, dans les poèmes de Victor Hugo, de
Charles Baudelaire et bien d’autres. Voilà ce qui dit Baudelaire :

« Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer »

Et ce que dit Guy Boulianne :

« La mer,
Paisible et calme
Reflète la lune
Qui se balance entre
Les étoiles
La brise du vent
Me frôle le visage
De sa douce fraîcheur
Et le cri des mouettes
Qui percute dans ce silence
Me rappelle les berceuses
Que mère me chantait. »

C’est presque la même âme, l’âme de la vraie poésie, la poésie libre avec ses rayons de lumières qui se manifeste dans les cœurs des poètes du monde entier.

En somme, En lisant les poèmes de Guy Boulianne on se sentit près de ses visions poétiques. Son style poétique, et le style c’est l’homme, est bien rythmé, ses phrases et ses mots sont bien choisis. Il a réussi à créer un monde plein d’images brillantes. Des images qui nous poussent en tant que lecteurs de prendre nos valises et de partir avec lui, par l’imaginaire, pour découvrir les secrets des passions d’un poète qui aime la vie, un philosophe artiste qui essaie de peindre des tableaux réels et surréels en même temps. Des tableaux merveilleux, pleins de jolies femmes et de beaux rêves, malgré la tristesse, puisque le poète est toujours triste, selon sa propre expression : « Le poète / toujours triste / la mélancolie qui suit chacun de ses pas / Comme une ombre qui ne peut se détacher ». Mais malgré cette tristesse il est toujours capable de créer son propre monde. Et « sur ce monde, sur ses rêves, il n’apporte aucune souffrance, à son cœur. »

Pour en finir, lisons tous ces deux témoignages. Le premier a été écrit par l’écrivain Bernard Tanguay en 1983, (La première édition de ce livre) et le deuxième a été écrit par Raymonde Lacasse artiste peintre en 1987. (La première édition de ce livre) :

1- « Guy Boulianne, quoique jeune encore (20 ans), nous livre ici son premier recueil de poèmes. Poète autodidacte, il n’est d’aucune école sinon celle de la vie avec ses aléas quotidiens et ses instants fugaces de joie intérieure. Ses poèmes reflètent, dans un premier temps, sa prise de possession du monde qui l’entoure. Puis, phénomène d’osmose, il recrée ce monde dans un symbolisme subtil, visionnaire. »

2- « En lisant “La Bataille des saints” de Guy Boulianne, le lecteur y découvre l’œuvre d’un jeune poète. La jeunesse y laisse sa trace. C’est vrai que la poésie n’attend pas ; Rimbaud, Nelligan n’ont-ils pas écrit leurs œuvres avant qu’ils aient vingt ans. Le poète croit à la magie du verbe, ne lui coupons pas les ailes. Il faut l’écouter, c’est la chance que je vous souhaite. » Bonne lecture.

_____________

Cet article de Noureddine Mhakkak a publié en deux parties dans le journal marocain Albayane du 21 décembre 2006 et, le lendemain, dans le journal Albayane du 22 décembre 2006.

Anthologie2020PUB007

Paul Philippe
5

« Félicitations et honneur à vous Monsieur Boulianne pour ce titre dans le monde périlleux du vrai Grand journalisme tellement nécessaire et que nous apprécions. »

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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs Authorsden aux États-Unis, de la Nonfiction Authors Association (NFAA), ainsi que de la Society of Professional Journalists (SPJ). Il adhère de ce fait à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).

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