Les proches parents de Jésus de Nazareth, parfois désignés par le mot desposyni (du grec δεσπόσυνος, desposunos, « du maître » ou « qui concerne le maître ») sont évoqués dans les Évangiles, les Actes des Apôtres, les œuvres de Flavius Josèphe, l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée et les évangiles apocryphes.
Les proches de Jésus jouèrent un rôle important dans les premiers siècles du christianisme, dans l’Église de Jérusalem puis en Orient. Leur identification fait l’objet de controverses depuis l’Antiquité, notamment celle qui a trait aux « frères et sœurs » de Jésus.
Les sources chrétiennes concernant Joseph se trouvent dans l’Évangile selon Matthieu et dans l’Évangile selon Luc. Selon ces textes, Joseph était promis à Marie au moment de la conception de Jésus ; par conséquent, ils étaient alors déjà légalement mari et femme, bien qu’il ne leur fût pas encore permis de vivre ensemble. Joseph est en revanche totalement absent de l’Évangile selon Marc qui a probablement servi de base pour écrire ceux attribués à Matthieu et à Luc.
Dans les Évangiles de Matthieu et de Luc, il est fait référence à Joseph en tant que père adoptif de Jésus, celui-ci étant, de ce fait, intégré dans la lignée royale davidique. Joseph n’apparaît pas dans les autres évangiles canoniques. Il n’est pas fait mention de lui dans les Actes des Apôtres, contrairement aux autres membres de la famille de Jésus. Ces faits sont souvent interprétés, par les tenants de l’historicité des évangiles, comme le signe qu’il était mort quand Jésus a commencé son ministère.
La majorité des informations sur Marie, la mère de Jésus, proviennent des mentions qui en sont faites dans les Évangiles canoniques, surtout l’Évangile selon Luc, et dans les Actes des Apôtres ; l’Évangile selon Jean n’en fait pas mention par son nom. Elles sont au nombre de huit. En dehors des récits qui en sont faits par les Évangiles ainsi que par quelques autres sources chrétiennes, il n’existe aucune information indépendante et vérifiable sur les différents aspects de la vie de Marie. Un récit de l’enfance de Marie est donné dans le Protévangile de Jacques, un texte apocryphe écrit au milieu du IIe siècle. Les textes évangéliques témoignent dès la fin du Ier siècle, d’une tradition mariale fermement établies dans les premières communautés Chrétiennes. On sait également que la piété mariale a précédé la doctrine ecclésiastique.
Jésus est décrit dans les Évangiles comme ayant des frères (Mt 12, 46; Mc 3, 31; Lc 8, 19), Jacques, Joset (ou José ou Joseph suivant les manuscrits), Jude et Simon (ou Siméon), ainsi que des sœurs. Le débat exégétique est ouvert entre catholiques et protestants sur la nature de cette fraternité.
« En 318 une délégation de « desposyni », dirigée par Joses (petit-fils de Jude, frère du Seigneur) se rend à Rome pour réclamer à Sylvestre Ier que l’Église soit rétablie à Jérusalem au lieu de Rome. Il réclame que l’on renomme de véritables désposyni à la tête des églises de Jérusalem, Antioche, Éphèse et Alexandrie à la place des évêques grecs. Mais aussi que soit rétablie la dime de dime vers Jérusalem et le calendrier des jours saints. (…) Sylvestre rejeta leur demande et affirma que dorénavant l’Église était installée à Rome et il insista pour qu’ils acceptent les évêques grecs pour les diriger. (…) Par son adaptation, Sylvestre, appuyé par Constantin, avait décidé que le message de Jésus devait être formulé en termes occidentaux par des esprits occidentaux sur un modèle impérial. (…) …Ce fut le dernier dialogue connu avec les Églises gardant le Sabbat en Orient, dirigée par des disciples qui descendaient des parents de Jésus le Messie. »
– Malachi Martin (1921-1999)
Les théories :
- Théorie helvidienne : Baptisée ainsi, d’après Helvidius qui la défendit, elle correspond à l’interprétation littérale des textes : Joseph et Marie auraient eu des enfants après la naissance de Jésus. Aadoptèrent cette théorie : Helvidius, Hégésippe, Bonosus, Jovinianus, les Ébionites, les Antidicomarianites).
- Théorie épiphanienne : Du nom de l’évêque Épiphane de Salamine, elle considère qu’il s’agit de demi-frères et demi-sœurs de Jésus que Joseph, veuf, aurait eus d’un précédent mariage. Elle constitue la tradition et la foi de l’Église orthodoxe. Adoptèrent cette théorie : Évangile selon Pierre, Protévangile de Jacques, Clément d’Alexandrie, Origène, Eusèbe de Césarée, Hilaire de Poitiers, Ambrosiaster, Grégoire de Nysse, Épiphane, Ambroise de Milan, Jean Chrysostome, Cyrille d’Alexandrie, les courants orientaux (grec, syrien, et copte).
- Théorie hiéronymienne : Du nom de saint Jérôme, elle considère que les mots « frères et sœurs » doivent être pris au sens large de parents proches. C’est la position de l’Église catholique. Adoptèrent cette théorie : Jérôme de Stridon, Pélage, Augustin d’Hippone, Jean Chrysostome, Théodoret de Cyr, tous les écrivains latins plus tardifs.
D’après Eusèbe de Césarée, la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem qui avait jusque-là été dirigée par des proches de Jésus, Jacques le Juste puis Siméon a émigré à Pella en Transjordanie avant ou au début de la guerre juive de 66-70 (Hist. eccl. 1, 5), puis a cessé de jouer un rôle important dans le développement du christianisme. Ceci doit toutefois être nuancé par ce que l’on sait des successeurs de Siméon, ce qui laisse entendre que les judéo-chrétiens sont revenus de Pella peu après la guerre juive. « Jude, était, selon la chair, frère du Seigneur. C’est ce que montre Hégésippe quand il s’exprime en ces termes : “Il y avait encore (sous Domitien) de la race du Seigneur les petits-fils de Jude, qui lui-même était appelé son frère selon la chair : on les dénonça comme descendants de David.” » Histoire ecclésiastique, III, 19-20. Trois évêques nestoriens de Seleucia au IIIe siècle sont cités par l’écrivain du XIIIe siècle, Bar-Hebraeus.
« Quelques personnes soigneuses gardèrent pour elles leurs propres généalogies, soit en se souvenant des noms, soit en en prenant des copies et se glorifièrent d’avoir sauvé la mémoire de leur noblesse. Parmi elles, se trouvaient ceux dont on a parlé, qu’on appelle desposynes, à cause de leurs accointances avec la famille du Sauveur : originaires des villages juifs de Nazareth et de Kokaba, ils s’étaient répandus dans le reste du pays et ils avaient compilé la sus-dite généalogie d’après le Livre des Jours, (Chroniques) autant qu’ils l’avaient pu. »
– Jules l’Africain cité par Eusèbe de Césarée
Outre la synagogue du mont Sion, des recherches archéologiques ont permis d’identifier une autre synagogue judéo-chrétienne à Farj dans le Golan. Dans ce massif, indépendamment du site prestigieux de Gamla, les ruines de nombreuses implantations juives présentes au Ier siècle ont été identifiées, ainsi que dix sept synagogues. De cet ensemble se dégagent les deux sites de Farj et Er-Rahmaniyye, habités semble-t-il par des nazôréens. Selon toute vraisemblance, alors que données archéologiques et textes littéraires tendent à prouver une désolation de la région par les forces romaines après la chute de Gamala à l’automne 67, une nouvelle implantation de population s’est produite après 135. Probablement qu’à la suite de la destruction de Jérusalem et l’interdiction à tout Juif d’y pénétrer (135), les habitants de Juda se replièrent vers le nord et s’implantèrent en Galilée et sur le Golan. Ils disparaissent selon toute vraisemblance au cours du Ve siècle, victimes sans doute des mesures de rétorsion du courant catholique fort de l’appui du pouvoir impérial. Une partie d’entre-eux s’est probablement réfugié en Perse sassanide, où pourtant les nazôréens et les elkasaïtes étaient aussi soumis à de fortes pressions pour se convertir au zoroastrisme.
Il a été avancé l’idée que la communauté qui a rédigé le fameux Document de Damas et n’a pas résidé à Damas, mais « au pays de Damas » aurait précisément vécu à Kokaba/Kaukab près de Damas, du fait de la réminiscence messianique du toponyme en rapport avec le prophétie de Balaam utilisée à plusieurs reprises dans les écrits de la secte du Yahad dont une cinquantaine d’écrits ont été retrouvés dans des grottes près de Qumrân. Ce serait selon cette hypothèse, parmi ces sadocites que se serait constitué une Qehila (communauté) nazôréenne dans les premières années qui suivirent la disparition du Rabbi Jésus.
Dans la même ligne, certains y ont localisé la « conversion » de Paul. Les sources littéraires chrétiennes, en l’occurrence Jules l’Africain et Épiphane, évoquent le site de Kokaba comme lieu d’habitation des parents de Jésus ?
En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs Authorsden aux États-Unis, de la Nonfiction Authors Association (NFAA), ainsi que de la Society of Professional Journalists (SPJ). Il adhère de ce fait à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).
Bonne leçon à apprendre dans la vie.