Le roi mérovingien Dagobert II se maria une première fois avec Mathilde (ou Béchilde), de souche irlandaise, en 666. Celle-ci est décédée en 671. Sans enfant, Dagobert se remaria, par l’entremise de saint Wilfrid, à la princesse saxonne Gisèle, fille de Bera II, comte de Rhedae, et de Gislica, fille de Tulca, 1er comte de Rhedae, roi des wisigoths. Ils eurent un fils qu’ils nommèrent Sigisbert, et quatre filles, Irmine, Adèle, Rathilde et Ragnétrude.
Pour l’histoire officielle, la dynastie mérovingienne disparaît en 679 avec l’assassinat de Dagobert II. En réalité elle se perpétua avec son fils Sigisbert IV, et ce, sans aucun doute. L’abbé Vigneron tomba sur un courrier de Mgr Mangin faisant état d’un curieux manuscrit. Mgr Mangin aurait appris l’existence d’un parchemin qui appartenait aux moines d’Orval avant la révolution et qui se serait trouvé avec le crâne de Dagobert II avant d’être transféré à Mons. Que dit ce parchemin ? L’écrit, signé de Sainte Irmine, abbesse d’Oeren en 708, fille de Dagobert II, raconte l’assassinat de son père, le refuge de son frère Sigisbert IV au monastère d’Oeren, puis le 17 janvier 681 à Rhedae, capitale du Razès.
Sigisbert IV prit la succession de son oncle au titre de duc de Razès et comte de Rhedae d’où il prit le surnom de “Plant Ard”. Malgré l’ignorance historique de ces faits, on découvre un document qui en fait la preuve, la charte de la Villa Capitanarias (dite ultérieurement de la Villa Trapas, 718), qui relate que Sigisbert et son épouse Magdala auraient construit le monastère Saint-Martin Lys, situé près de Rennes le Château. Deux cents ans plus tard cette lignée donnera naissance à Bernard Plantavelue, ainsi qu’à Sigisbert VI appelé prince Ursus. Ce dernier est l’ancêtre de la famille de Châtillon, dont le pape Urbain II qui prêcha la première Croisade (Racines et Histoire), et de la famille de Joinville, et donc celle des Lusignan (Geni).
Les très sérieux dominicains Dom Devic et Dom Vaisette relatent l’Invention des reliques de Saint Baudile en 878, alors que Ursus était vicomte de Nîmes (Histoire générale de Languedoc, p. 42).
L’évêque Gibert, qui occupait encore le siège de Nimes, assisté de Wifred ou Walafrid, évêque d’Uzès, et de plusieurs autres prélats et abbés, s’étant rendus en solennité à l’église de Saint Baudile le 14 avril de cette année 878, on fouilla partout, et l’on découvrit heureusement les reliques de ce saint sous un des murs, dans un cercueil de plomb, où saint Romule les avait renfermées. La joie fut générale. Les évêques entonnèrent le Te Deum qui fut chanté par des ecclésiastiques qui étaient présents, et qu’on assure avoir été au nombre de cinq cents (Léon Ménard, Histoire des antiquités de la ville de Nimes). Ce fut probablement à ce moment que le prince Ursus se fit couronner en tant que roi par cette assemblée de nobles et de prélats : « Cum principe Urso, quem comes vice sua misit, celeriter urbem Nemausum adierunt ».
Lorsqu’il fut nommé roi, Ursus monta une insurrection contre le roi Louis II. Il fut aidé par Bernard d’Auvergne et par le marquis de Gothie. Cette rébellion ou insurrection contre le roi Louis II est la preuve que les Mérovingiens ont tenté de reprendre ce qui leur avait été subtilisé. Ursus (Sigisbert VI) fut battu près de Poitiers en 879. Mort ou disparu en Bretagne, sa famille se fondit avec la noblesse bretonne. Le sang mérovingien coulait donc dans les veines des ducs de Bretagne et d’Aquitaine. Une partie de cette famille partit pour l’Angleterre où elle fonda la branche appelée “Planta”.
Les exploits du roi Ursus eurent de longs échos. Ces échos fournissent des liens cruciaux dans l’étrange histoire du développement des légendes arthuriennes et la Matière de Bretagne. Il est l’archétype de ce roi Arthur, mythe celtique du Haut Roi qui a navigué au pays des morts et récupérer le chaudron de la régénération.
Les Dossiers secrets d’Henri Lobineau
Il y a une vingtaine d’années, j’eus la chance, lors de mon second voyage en France, de me faire remettre un précieux document réunissant plusieurs tableaux généalogiques et portant le titre suivant : Dossiers Secrets d’Henri Lobineau. Quelle ne fut ma surprise d’apercevoir le nom d’Ursus à la planche No. 2 de ce dossier et ma joie s’intensifia encore lorsque je constatai que le petit-fils présumé de cet Ursus possédait un blason similaire à celui de notre propre famille, les de Bouillanne : « De gueules à une patte d’ours d’or ».
Les Dossiers secrets d’Henri Lobineau (aussi appelés le Dossier Lobineau ou les Dossiers secrets) sont une série de documents dactylographiés, élaborés par le français Pierre Plantard et son ami Philippe de Chérisey puis déposés entre 1964 et 1967 à la Bibliothèque nationale de France sous la forme d’un don anonyme. Ces documents seraient des “preuves inventées par les auteurs dans le but de mettre en place une monarchie française dirigée par un descendant des rois Mérovingiens”. Ils sont enregistrés sous la cote 4° LM1 2491 et sont datés de 1975 dans le fichier central. Ce ne sont nullement des parchemins mais des documents contemporains, aujourd’hui microfilmés et accessibles aux chercheurs. Ils se présentent comme un mince volume, chemise à couverture rigide contenant un assemblage hétéroclite de documents : coupures de presse, lettres, encarts, plusieurs arbres généalogiques et pages imprimées d’autres ouvrages, et à plusieurs reprises d’ailleurs subtilisées puis remplacées par d’autres, elles-mêmes surchargées parfois de notes et de corrections manuscrites.
Parmi ces dossiers, un manuscrit datant de 1956 affirme l’existence d’une société secrète, le Prieuré de Sion, et relate son histoire depuis sa fondation en 1099 par Godefroy de Bouillon. On y trouve aussi la liste des grands maîtres qui se seraient succédé à la tête de l’organisation depuis le XIIe siècle, parmi lesquels figurent Léonard de Vinci, Isaac Newton, Victor Hugo, Claude Debussy, Jean Cocteau. La mise en parallèle de ces généalogies avec l’objectif du Prieuré de Sion confirme en réalité les ambitions de Pierre Plantard. En effet, on peut supposer que lorsque celui-ci laisse entendre que la mission du Prieuré est de restituer la dynastie mérovingienne en France en s’appuyant sur la mythologie de Rennes-le-Château, il sous-entend que leur héritier légitime n’est autre que lui-même.
Quoi que l’on puisse en penser, il est indéniable que Pierre Plantard est un personnage incontournable de l’affaire moderne de Rennes-Le-Château. C’est lui qui, pendant de nombreuses années « guida » de nombreux auteurs dans les structures de leurs ouvrages. Nous pouvons citer sans soucis, Gérard de Sède : « Les Templiers sont parmi nous » et « Le Trésor Maudit de Rennes-Le-Château », Henry Lincoln, Richard Leight et Michael Baigent : « L’Enigme Sacrée » et « Le Message » (JP Pourtal). En 1993, Pierre Plantard sera interrogé par la justice dans le cadre de l’enquête sur la mort de Roger-Patrice Pelat, ancien ami de François Mitterrand. Plusieurs documents retrouvés chez lui le présentent comme étant le « vrai Roi de France ». C’est alors que Plantard avouera son illégitimité de roi de France et recevra le conseil “de ne plus jouer avec la justice française” (sic!).
Ces dernières années, Pierre Plantard a été la victime de journalistes et d’auteurs sans scrupules qui se sont ingéniés malicieusement à le diffamer et à le discréditer sur la place publique. Nous considérons cela comme une injustice puisque – pour notre part – nous croyons fermement que Pierre Plantard était l’agent d’une société bien secrète, et que sa mission consistait à sensibiliser le monde à une histoire non-révélée, et surtout à provoquer l’éveil et le retour de ce Roi Perdu, caché et endormi depuis toujours dans un profond sommeil. En cela il aura particulièrement bien réussi !
Pierre Plantard resta isolé de 1993 jusqu’à sa mort. Décédé le 3 février 2000, l’annonce ne fut faite que le 17 juin de la même année, mais en indiquant une date de décès au 13 juin. Sa mort fut donc aussi nimbée de mystère….
Un Roi Barbare, par Michel Sardou (1976)
Pouvons-nous douter un seul instant de l’existence de ce Roi Perdu qu’est Sigisbert VI, dit le Prince Ursus, qui se rebella contre Louis II le Bègue en 877 aux côté de Wilfred le Velu et Bernard II Platevelue ? Nos doutes doivent s’estomper lorsque nous prenons connaissance de certains ouvrages dont le sérieux et l’intégrité de leurs auteurs ne peuvent être mis en cause. Les premiers d’entre eux, les dominicains Dom Devic et Dom Vaisette qui mentionnent la présence d’Ursus lors d’une renonciation qu’il fit en 885 avec son beau-frère Théodoric des biens que le feu comte Eckard avait donnés au monastère de Fleury-sur-Loire. D’autres auteurs affirmant pour leur part que le prince Ursus était l’époux de Berthe, soeur du comte Hucbaud, beau-frère de Béranger le Vieux, Roi d’Italie, et gendre de Gisèle, petite-fille de l’Empereur Charlemagne.
Le grand initié Michel Sardou s’est souvent fait le chantre de ce Roi Perdu, de ce Grand Monarque qui dort derrière les lourdes portes d’un tombeau. Ne nous méprenons pas, le Roi Barbare est en réalité le Fils de l’Ours, en langue gothique Bär Baur. Les Fils de l’Ours sont “les homme nés”, nés de père en fils au sein de la tribu et par là même nobles. C’est pourquoi, par opposition à l’esclave, l’homme libre était appelé Bar, mot qui a dommé celui de “baron”.
Pour toutes ces raisons, les Goths avaient l’ours pour emblème et le conservèrent longtemps puisqu’ils le portaient encore sur leurs étendards à la bataille de Vouillé (507) et qu’il figure sur les armoiries de plusieurs villes qu’ils ont fondées ou occupées, comme Björneborg (littéralement la ville de l’ours), Hammerfest, Novgorod, Madrid, etc. (Gérard de Sède, Le mystère gothique).
Si tu rencontrais par hasard
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SOURCES :
- Saint Dagobert II, roi d’Austrasie, martyr, patron de Stenay, au diocèse de Verdun. Les petits Bollandistes, vies des saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, tome XIV, écrit par Mgr Paul Guérin, Paris 1888 (lire l’article précédent).
- Histoire de France de la préhistoire à nos jours.
- The Plant Family History Group.
- Jean-Pierre Garcia, Rennes-le-Château.
- Societe Périllos, Quelques documents apocryphes.
- Le Razès historique, permanences et ruptures, par André Bonnery, page 10.
- L’Énigme sacrée, par Henry Lincoln, Michael Baigent et Richard Leigh (1982).
- André-François-Joseph Borel d’Hauterive : Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l’Europe. Comte d’Angerville (Monaco), page 135.
- François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois et Jacques Badier : Dictionnaire de la noblesse : contenant les généalogies, l’histoire et la chronologie des familles nobles de France. Tome 5. Paris, 1863-1876, page 447.
En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs Authorsden aux États-Unis, de la Nonfiction Authors Association (NFAA), ainsi que de la Society of Professional Journalists (SPJ). Il adhère de ce fait à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).