Henry de Bouillane de Lacoste, officier et explorateur français (1867-1937)

Henry de Bouillane de Lacoste (1867-1937)Henry de Bouillane de Lacoste était un officier et un explorateur, spécialiste des questions asiatiques à la suite de plusieurs voyages effectués (entre 1891 et 1910) : Syrie, Palestine, Indochine, Mongolie occidentale, Mandchourie et toute l’Asie centrale.

Émile Antoine Henry de Bouillane de Lacoste (1867–1937) est originaire d’une famille protestante de la bourgeoise de Montélimar, reconnue noble suite à de hauts faits des ancêtres au Moyen-âge. Henry, qui restera célibataire sans enfants, fait partie d’une fratrie très unie composée d’un frère, Maurice et de deux sœurs, Marguerite et Pauline.

Après son baccalauréat en sciences en 1885, Henri s’engage à Lyon dans l’armée pour 5 ans et entre à Saint-Cyr, dont il sort sous-lieutenant en 1887. Il sert ensuite durant 7 ans dans le 22e régiment de chasseurs alpins et chasseurs à pied d’Albertville, fait des rapports appréciés sur ses missions : on le signale comme très bon alpiniste et excellent dessinateur. Il poursuit sa formation entre 1890 et 1893 à l’école de gymnastique de Joinville le Pont, et en Suède où il étudie les sports d’hiver et la gymnastique.

En 1891, il fait un mystérieux voyage à Jérusalem puis sert en 1894 en Algérie dans le 2ème régiment étranger durant sept mois. Entre 1895 et 1897, il sert dans la légion étrangère en Indochine (Tonkin et Annam) comme officier du renseignement. Il effectua de longs voyages dans différentes régions d’Asie pour le compte de son gouvernement. Il écrivit plusieurs livres en s’inspirant de ses périples, dont « Autour de l’Afghanistan aux frontières interdites », publié à l’origine à Paris en 1908. Comme le titre français l’indique, les autorités afghanes refusèrent de donner à Bouillane de Lacoste la permission de circuler en Afghanistan. Il élabora donc un stratagème pour voyager autour des frontières du pays.

Henry de Bouillane de Lacoste (dédicace)En partant de Téhéran à la fin du mois d’avril 1906, Bouillane de Lacoste se rendit d’abord à Mechhed, dans le nord–est de la Perse (aujourd’hui l’Iran), puis en Asie centrale russe, via Achgabat (ou Achkhabad), Merv (villes toutes deux au Turkménistan actuel), Boukhara et Samarcande. Après avoir atteint la fin de la ligne ferroviaire russe à Andijan (en Ouzbékistan), il poursuivit sa route dans les montagnes de l’Altaï, dans les Kirghizistan et Tadjikistan actuels, qu’il traversa ensuite pour entrer en Chine et en Inde britannique.

Dans la phase suivante de son périple, il voyagea de Srinagar (au Cachemire) à Lahore, puis jusqu’au Baloutchistan (aujourd’hui au Pakistan,) et revint en Perse, arrivant à Téhéran à la fin du mois de janvier 1907. Il effectua le trajet en train et à cheval dans une caravane. Bouillane de Lacoste était accompagné du lieutenant Hippolyte Marie Joseph Antoine Enselme (né en 1872), qui avait servi avec Bouillane de Lacoste en Indochine et qui l’avait déjà suivi lors d’un voyage précédent en Mandchourie.

Le récit de Bouillane de Lacoste, écrit sous forme de journal, contient des descriptions des paysages et des peuples des contrées qu’il visita. Le livre comporte des cartes, dont une indiquant le trajet de l’auteur, et environ 80 photographies. La préface, de Georges Leygues, politicien français qui fut par la suite et pendant plusieurs années ministre de la Marine et brièvement Premier ministre, offre des réflexions générales du point de vue français sur la rivalité anglo–russe en Asie centrale et sur les Britanniques en Inde.

Extrait du quotidien Le Petit journal — Voici, en effet, ce que contient la fiche, dressée par le cômmandant Pasquier [directeur de la prison du Cherche-Midi], le 19 avril 1904, sur M. le commandant de Bouillane de Lacoste, officier d’ordonnance du président de la République : « Les cléricaux sont tout-puissants à Montélimar. Bourgeois, industriels, fonctionnaires, magistrats, officiers, sont cléricaux. Or, ce monde clérical a toujours soutenu M. Loubet, en raison de sa tolérance. C’est donc dans ce monde, par relations, par les relations de famille de Mme Loubet, très cléricale, que le Présidenta pris deux officiers d’ordonnance : le commandant Chabaud, qui s’est brouillé avec sa famille pour prendre l’étiquette républicaine, et le commandant Bouillana de Lacoste. La famille Bouillane de Lacoste fait partie du clan protestant et réactionnaire. C’est l’officier qui est 1e plus réactionnaire de tous. Ce sont tous des hommes froids, réservés, qui ne se livrent jamais, cachant leur jeu. Il est, par suite, difficile de relever des avatars politiques récénts. Mais, lorsqu’il était à Saint-Cyr, alors qu’on ne pouvait prévoir l’évolution actuelle, il ne cachait nullement, au contraire, ses opinions réactionnaires. » La famille du chef de l’Etat était donc elle-même suspecte à M. le directeur de la prison du Cherche-Midi.
— Le Petit journal : « Les faits de délation ». Numéro 15337. Vendredi 23 décembre 1904, page 4.

Objectif Mongolie

Henry de Bouillane de Lacoste obtient trois ans de congé sabbatique pour repartir en Asie, pour la Mongolie cette fois.  A l’époque, la Mongolie est un territoire difficilement accessible compte tenu des bouleversements politiques de l’époque ; des autorisations sont nécessaires. Les photographes Stéphane Passet et Henry de Bouillane de Lacoste participaient à cette expédition destinée à enrichir les Archives de la Planète. Cette mission a notamment été co-financée par le célèbre banquier Albert Kahn. Les photographes réussiront à pénétrer en Mongolie et prendront de nombreux clichés en noir et blanc (réalisés par Henry DBDL) et en couleur (réalisés par Stéphane Passet), témoignages historiques du contexte socio-politique et religieux de la Mongolie de 1912 à 1913, dévoilant des paysages de la taïga sibérienne, des steppes mongoles et de scènes quotidiennes de la vie des nomades-cavaliers.

Ce voyage se fait avec le soutien de la Société de géographie, de l’Académie des Inscriptions et Belles lettres, du Museum d’Histoire Naturelle et du Comité de l’Asie Française ; il est accompagné du Docteur Du Chazaud (médecin 1er classe de la Marine), de Zabieha, un polonais parlant russe, agent de la maison Révillon à Paris et qui l’avait accompagné un temps dans son précédent voyage.

Néanmoins, les objectifs de ce voyage sont clairement définis dans une note du Quai d’Orsay et dans une autre à l’attention des diplomates, précisant qu’il est détaché au service géographique du Quai d’Orsay.

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Mgr Thierry Teyssot
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