Il y a quelques mois de cela, j’ai fait l’acquisition de l’édition originale du livre de Pierre Virion, intitulé « Bientôt un gouvernement mondial, une super et contre Église ? », publié en 1967 par les éditions Saint-Michel. Cette édition originale est de nos jours assez difficile à trouver. J’ai donc eu cette chance. Nous lisons dans l’introduction de cet ouvrage : « Le Gouvernement Mondial : Beaucoup en parlent sans savoir exactement de quoi il s’agit sauf les protagonistes occultes, évidemment, car sur ce point un secret à plusieurs étages, bien gardé d’un palier à l’autre, en cache la nature profonde, laissant aux profanes de discuter de sa réalisation selon la couleur du parti politique qu’ils ont adopté. »
Si la mondialisation imprègne tous les niveaux de la société, la question du gouvernement mondial est beaucoup plus confuse et trop souvent réduite à une approche économique et politique. Cet ouvrage, écrit il y a près de 60 ans, a su remonter aux inspirateurs du mondialisme et aux initiateurs de la « république universelle » (Papus, D’Alveydre, etc.), en s’appuyant sur les témoignages fréquents de Maçons. Il offre ainsi des documents de première main sur les buts et la nature de l’autorité discrète qui domine les pouvoirs politiques en place. Le lecteur découvre ici toute l’ambition qui se cache derrière cette gouvernance : la construction d’une super-Église, haute autorité visant à régenter tous les cultes, les enseignements et les moeurs dans une diversité internationale apparente. Ces propos, précurseurs à l’époque, trouvent aujourd’hui toute leur application avec, entre autres, les affirmations de Vincent Peillon dans Une religion pour la République : « Toute l’opération consiste bien, avec la foi laïque, à changer la nature même de la religion, de Dieu, du Christ et à terrasser définitivement l’Église ». En 1967, date de la première édition, évoquer les cercles mondialistes tels le C.F.R. ou le Bilderberg, relevait de la presse confidentielle. Aujourd’hui les réunions de Davos sont mentionnées par les grands quotidiens et le mot de « gouvernance mondiale » se retrouve affiché à tous les carrefours, mais pour nous habituer à l’idée, pour désamorcer nos réflexes défensifs, sans qu’il nous soit donné de quoi comprendre ici un drame où se joue pourtant le destin des peuples.
Pierre Virion examine la nature profonde d’une domination universelle que la Haute Synarchie entend exercer au moyen d’un gouvernement réputé, « d’après les partisans du « Mouvement Mondial » ou de l' »Association parlementaire pour le Gouvernement Mondial » ou encore par une bourgeoisie nourrie de littératures économiques bien technicisées », comme l’instance dernière du Progrès et de la Paix. L’auteur partage une lettre du Frère-Maçon ∴ Roosevelt à Staline, adressée le 20 février 1943 à M. Zabrousky, Président du Conseil national du Jeune Israël (NCYI) et publiée par Le Figaro le 7 février 1951 :
« Cette lettre, postérieure à l’intervention soviétique dans la guerre, n’est donc pas de pure circonstance, d’autant plus qu’elle vient après la déclaration commune Roosevelt-Churchil (1941) qui est à la base de la Charte de l’Atlantique. On y verra la progression implacable des principes alors réalisée dans les faits dont nous sommes aujourd’hui les témoins. Passons sur l’incroyable cynisme de cette lettre. Le Frère-Maçon Roosevelt n’y faisait que traduire, mais de New-York — et cela est important — l’identique programme synarchique, déjà envisagé au plan des sociétés secrètes à la fin du XIXe siècle et dont les éléments se retrouvent dans le Pacte synarchique (européen) de 1935 puis, maintenant, dans les faits. Nous en avons souligné certains passages qui constituaient alors des dispositions impératives, maintenant exécutées ou susceptibles de l’être. Nous les reprendrons dans la suite de cette étude, à chacune des questions traitées, de manière à montrer l’origine, le but de la Contre-Église marqué d’un caractère universel et d’une indiscutable continuité dans son exécution. Pour le moment revenons au Gouvernement Mondial. » (Bientôt un gouvernement mondial)
À propos de Pierre Virion, journaliste et essayiste
Journaliste et essayiste français, Pierre Virion est né le 27 janvier 1899 à Paris et mort le 27 mai 1988 à Courbevoie. Licencié en droit et diplômé d’études supérieures en histoire, il fut professeur de première (latin-français) de l’enseignement libre, puis professeur à l’Institut des Etudes corporatives et sociales. Il entra ensuite dans la banque et les transports, fut membre du Conseil supérieur des transports (1953), puis secrétaire général du comité des élections consulaires de Paris (Tribunal et Chambre de commerce). Traditionaliste, il participa, dès 1930, à l’action politique par la plume et la parole. Spécialisé dans l’étude des mouvements occultes, il collabora avec Mgr Ernest Jouin et ses successeurs à la rédaction de la Revue Internationale des Sociétés Secrètes, dix années durant, jusqu’à sa disparition en 1939 (écrivant le plus souvent sous les pseudonymes de J. Boicherot et Lefrançois). Il fit également des conférences dans les milieux nationalistes, notamment à l’Action Française.
Après la guerre, il a participé, avec le général Maxime Weygand à la fondation et à la direction de l’Association Universelle des Amis de Jeanne d’Arc, dont il est devenu le président. Il collabore ou a collaboré à la revue Le Corporatisme, à Aspects de la France, La Pensée Catholique, Les Ecrits de Paris, Les Amis de Jeanne d’Arc, etc., et il a publié plusieurs ouvrages, dont « La Guerre maçonnique » (1919), « Civilisation, notre Bien commun », préfacé par l’académicien Joseph de Pesquiddoux (1943), « Les forces occultes dans le monde moderne » (1965), « Le Mystère de Jeanne d’Arc et la politique des nations » (1972), « Le Nouvel ordre du monde » (1974) et « L’Europe, après sa dernière chance, son destin » (1984).
Décédé le 27 mai 1988 à Courbevoie, il fut très proche de Chiré-DPF à ses débuts qu’il aida de ses conseils et de conférences. Il fut par ailleurs le maître de l’ordre des chevaliers de Notre-Dame de 1948 à 1965. Afin d’éclairer ses actions et sa réflexion, nous trouvons dans le livre « Bientôt un gouvernement mondial, une super et contre Église ? » des clés de lecture indispensables pour démêler l’écheveau géopolitique, politique, médiatique ou sociétal des événements qui se présentent à lui.
➽ Pierre Virion, Bientôt un gouvernement mondial ?
➦ Par Jean de Fréville, le 28 juin 2013
Une nouveauté ? Pas tout à fait. Les éditions Téqui se proposent simplement de rééditer un ouvrage paru pour la première fois en 1967. Le choix peut, de prime abord, paraître étonnant. Mais, finalement, cinquante ans après, plusieurs conjectures lancées par Pierre Virion semblent se vérifier. « Bientôt un gouvernement mondial ? » est avant tout un recueil de documentations issues de différents groupes ― plus ou moins secrets ― agissant en faveur d’un gouvernement mondial, gouvernement qui ne se caractérise pas par son christianisme : rien à voir avec un Saint-Empire universel que certains commentateurs prêtent, par exemple, à un Joseph de Maistre (dont la jeunesse, comme chacun sait, n’est d’ailleurs pas exempte d’erreurs…). En 1967, Pierre Virion faisait part de ce que tout le monde ignorait (Bilderberg, Davos…). Aujourd’hui, ces cercles sont nommés dans les journaux (mais pas tant que cela…). Mais quid de leurs desseins, de leur raison d’être ? Il parlait aussi des « États-Unis d’Europe », leur préférant évidemment la vieille Chrétienté détruite par la « Réforme ».
Chaque jour, on nous dit que la « mondialisation » est inévitable ; elle est un fait. Affirmer cela, ce n’est pas mentir effrontément, mais c’est esquiver l’essence du problème tel qu’il est posé par Pierre Virion. Dominique Tassot l’exprime clairement, dans une préface inédite : « l’enjeu du mondialisme, et c’est ici la dimension qui manque le plus souvent aux nombreux livres qui en traitent, n’est pas d’abord économique » (p. 10). Tout se joue au niveau des idées ; le problème est originellement spirituel, et ce dès avant Comenius, né Jan Amos Komenský.
« Le plan synarchique n’est pas le communisme soviétique. C’est un socialisme technocratique, universellement planifié, un point de rencontre auquel la Russie viendrait elle-même si, par hypothèse, le Gouvernement mondial pouvait s’instaurer. » (p. 89-90)
En dépit d’une pléthore de majuscules, d’un récit parfois trop décousu (nous ne sommes pas en face d’un chef-d’œuvre, loin s’en faut), le travail de Pierre Virion mérite de ne pas être oublié. En certaines de ses parties, il offre des réflexions et des arguments des plus intéressants. Entre autres, l’histoire des révolutions européennes de 1848, curieusement concomitantes, et qu’une simple disette ou augmentation des prix ne saurait expliquer tout à fait ! Le XIXe siècle en son entier (même chose, plus timidement cependant, pour le XXe : Première Guerre mondiale, Russie soviétique…) est exposé par l’auteur selon une perspective de conspiration, conspiration devant faire tomber rois (objectif atteint soit par déposition, soit par édulcoration des pouvoirs royaux) et prêtres (fin des États pontificaux en 1870, constitutions laïques en pays chrétiens, etc.). La franc-maçonnerie est l’un des principaux moteurs de ces actions souterraines de longue durée, soutenue par divers groupes du même type (rosicruciens, Illuminés divers et variés…), généralement versés dans l’ésotérisme ou autres idées loufoques.
La partie la plus cocasse de cet ouvrage est celle consacrée à Charles de Gaulle, général qui en prend pour son grade. L’auteur y rappelle que cet homme avait rétabli la franc-maçonnerie en 1943, par ordonnance. Suivent de nombreuses pages qu’il faut lire pour se faire sa propre idée… Un angle de vue rarement adopté pour étudier l’action du Résistant.
Concluons comme Pierre Virion : laissons le « gouvernement mondial » au Christ et à Marie.
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