Veuillez noter que, en tant que journaliste indépendant accrédité par la « General News Service Network Association » (GNS Press), j’adhère sans aucun détour à l’intégralité de la Charte d’éthique mondiale des journalistes qui fut adoptée lors du 30e congrès mondial de la Fédération internationale des journalistes en Tunisie, le 12 juin 2019. Reposant sur des textes majeurs du droit international, elle contient un Préambule et 16 articles et précise les droits et les devoirs des journalistes en termes d’éthique. Comme l’écrit Pierre Ganz, « le titre peut paraître prétentieux. Mais le document adopté à Tunis a reçu l’aval des 187 syndicats membres, et devient la référence des 600 000 journalistes revendiqués par la FIJ ». La Charte complète le Code de principes de la FIJ sur la conduite des journalistes (1954), dit “Déclaration de Bordeaux”.
Au delà de ces chiffres, ce texte est d’abord la première approche globale des questions de déontologie, entre journalistes de tous les continents, des pays où la liberté d’expression est encore à défendre et à conquérir comme ceux où une tradition démocratique octroie une grande liberté aux médias et aux journalistes. Le texte précédent, le Code de principes de la FIJ sur la conduite des journalistes, adopté en pleine guerre froide à Bordeaux en 1954, même revu en 1986, pouvait être considéré comme très “occidental”. Celui-ci a une tonalité réellement universelle.
Cette ambition est affichée par la référence, dans le préambule de cette Charte, à la Déclaration Universelle des droits de de l’homme. Les grands principes éthiques du journalisme sont réaffirmés, et replacés dans le contexte du XXIe siècle. Ainsi, au delà du nécessaire rappel au sacro saint respect des faits, l’article 3 invite à être « prudent dans l’utilisation des propos et documents publiés sur les médias sociaux ». La classique condamnation des méthodes déloyales est renforcé d’une interdiction « de recourir à des enregistrements cachés d’images et de sons, sauf si le recueil d’informations d’intérêt général s’avère manifestement impossible ».
« Bien sûr, une telle charte vaudra aussi par l’engagement de ceux qui l’ont adoptée à la respecter et à la faire respecter. Son existence ne règle pas tous les problèmes déontologiques. Mais elle offre un cadre éthique général qui pourra servir de référence à bien des débats dans les rédactions, et au-delà. » — Pierre Ganz
Charte d’éthique mondiale des journalistes
Préambule
Le droit de chacun.e à avoir accès aux informations et aux idées, rappelé dans l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits Humains, fonde la mission du journaliste. La responsabilité du/de la journaliste vis-à-vis du public prime sur toute autre responsabilité, notamment à l’égard de ses employeurs et des pouvoirs publics. Le journalisme est une profession, dont l’exercice demande du temps et des moyens et suppose une sécurité morale et matérielle, indispensables à son indépendance. La présente déclaration internationale précise les lignes de conduite des journalistes dans la recherche, la mise en forme, la transmission, la diffusion et le commentaire des nouvelles et de l’information, et dans la description des événements, sur quelque support que ce soit.
1. Respecter les faits et le droit que le public a de les connaître constitue le devoir primordial d’un.e journaliste.
2. Conformément à ce devoir le/la journaliste défendra, en tout temps, les principes de liberté dans la collecte et la publication honnêtes des informations, ainsi que le droit à un commentaire et à une critique équitables. Il/elle veillera à distinguer clairement l’information du commentaire et de la critique.
3. Le/la journaliste ne rapportera que des faits dont il/elle connaît l’origine, ne supprimera pas d’informations essentielles et ne falsifiera pas de documents. Il/elle sera prudent dans l’utilisation des propos et documents publiés sur les médias sociaux.
4. Le/la journaliste n’utilisera pas de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des images, des documents et des données. Il/elle fera toujours état de sa qualité de journaliste et s’interdira de recourir à des enregistrements cachés d’images et de sons, sauf si le recueil d’informations d’intérêt général s’avère manifestement impossible pour lui/elle en pareil cas. Il/elle revendiquera le libre accès à toutes les sources d’information et le droit d’enquêter librement sur tous les faits d’intérêt public.
5. La notion d’urgence ou d’immédiateté dans la diffusion de l’information ne prévaudra pas sur la vérification des faits, des sources et/ou l’offre de réplique aux personnes mises en cause.
6. Le/la journaliste s’efforcera par tous les moyens de rectifier de manière rapide, explicite, complète et visible toute erreur ou information publiée qui s’avère inexacte.
7. Le/la journaliste gardera le secret professionnel concernant la source des informations obtenues confidentiellement.
8. Le/la journaliste respectera la vie privée des personnes. Il/elle respectera la dignité des personnes citées et/ou représentées et informera les personnes interrogées que leurs propos et documents sont destinés à être publiés. Il/elle fera preuve d’une attention particulière à l’égard des personnes interrogées vulnérables.
9. Le/la journaliste veillera à ce que la diffusion d’une information ou d’une opinion ne contribue pas à nourrir la haine ou les préjugés et fera son possible pour éviter de faciliter la propagation de discriminations fondées sur l’origine géographique, raciale, sociale ou ethnique, le genre, les mœurs sexuelles, la langue, le handicap, la religion et les opinions politiques.
10. Le/la journaliste considérera comme fautes professionnelles graves le plagiat, la distorsion des faits, la calomnie, la médisance, la diffamation, les accusations sans fondement.
11. Le/la journaliste s’interdira de se comporter en auxiliaire de police ou d’autres services de sécurité. Il/elle ne sera tenu de remettre à ces services que des éléments d’information rendus publics dans un média.
12. Le/la journaliste fera preuve de confraternité et de solidarité à l’égard de ses consoeurs et de ses confrères, sans renoncer pour la cause à sa liberté d’investigation, d’information, de critique, de commentaire, de satire et de choix éditorial.
13. Le/la journaliste n’usera pas de la liberté de la presse dans une intention intéressée, et s’interdira de recevoir un quelconque avantage en raison de la diffusion ou de la non-diffusion d’une information. Il/elle évitera – ou mettra fin à – toute situation pouvant le conduire à un conflit d’intérêts dans l’exercice de son métier. Il/elle évitera toute confusion entre son activité et celle de publicitaire ou de propagandiste. Il/elle s’interdira toute forme de délit d’initié et de manipulation des marchés.
14. Le/la journaliste ne prendra à l’égard d’aucun interlocuteur un engagement susceptible de mettre son indépendance en danger. Il/elle respectera toutefois les modalités de diffusion qu’il/elle a acceptées librement, comme « l’off », l’anonymat, ou l’embargo, pourvu que ces engagements soient clairs et incontestables.
15. Tout-e journaliste digne de ce nom se fait un devoir d’observer strictement les principes énoncés ci-dessus. Il/elle ne pourra être contraint-e à accomplir un acte professionnel ou à exprimer une opinion qui serait contraire à sa conviction et/ou sa conscience professionnelle.
16. Reconnaissant le droit connu de chaque pays, le/la journaliste n’acceptera, en matière d’honneur professionnel, que la juridiction d’instances d’autorégulation indépendantes, ouvertes au public, à l’exclusion de toute intrusion gouvernementale ou autre.
À propos de la Fédération internationale des journalistes
La voix mondiale des journalistes
La FIJ, la plus grande organisation de journalistes au monde, représente 600.000 professionnels des médias dans 187 syndicats et associations dans plus de 140 pays.
Fondée en 1926, la FIJ est l’organisation qui s’exprime au nom des journalistes au sein des Nations Unies et du mouvement syndical international. D’abord établie en tant que Fédération internationale des journalistes (FIJ) en 1926 à Paris, elle a été relancée en tant qu’Organisation internationale des journalistes (OIJ) en 1946, mais a perdu ses membres occidentaux au moment de la Guerre Froide et a rémergé sous sa forme actuelle en 1952 à Bruxelles.
La Fédération internationale des journalistes :
- Organise une réponse collective afin de soutenir les syndicats de journalistes dans leur lutte pour des salaires équitables, des conditions de travail décentes et la défense de leurs droits du travail.
- Promeut l’action internationale pour défendre la liberté de la presse et la justice sociale par le biais de syndicats de journalistes forts, libres et indépendants.
- Lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans toutes ses structures, politiques et programmes.
- S’oppose à toute forme de discrimination et condamne l’utilisation des médias à des fins de propagande ou pour promouvoir l’intolérance et les conflits.
- Croit en la liberté d’expression politique et culturelle.
La Fédération n’adhère à aucun point de vue politique, mais promeut l’action collective pour défendre les droits de l’homme, la démocratie et le pluralisme des médias.
La FIJ soutient les journalistes et leurs syndicats dans tous leurs combats pour faire valoir leurs droits syndicaux et professionnels et a créé un Fonds international de sécurité pour fournir une aide humanitaire aux journalistes dans le besoin.
La politique de la FIJ est adoptée démocratiquement lors d’un Congrès qui se réunit tous les trois ans et les travaux sont effectués par le Secrétariat sous la direction d’un Comité exécutif élu.
⭐ J’ai besoin de votre soutien. N’hésitez pas à faire un don en cliquant ici. 💛💛