Les de Bouillanne, chevaliers Templiers de la Commanderie de Richerenches

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Cartulaire de Richerenches

Sachant que la lignée des de Bouillanne descend du Roi Ursus (Patte d’Ours), et par le fait même du roi mérovingien Dagobert II, de la princesse wisigoth Gisèle de Rhedae, et de Theodoric IV de Narbonne (représentant du puissant judaïsme babylonien), il aurait été pour le moins étrange que cette famille n’eut pas de lien avec les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon ? Ceci est confirmé dans le Cartulaire de la Commanderie de Richerenches de l’Ordre du Temple (1136-1214), dans lequel trois membres de la famille sont nommés. Il s’agit de Villelmus Bollana, de Petrus Bollana et de Stephanus Bollana.

Après la défaite de Sigisbert VI (Ursus) contre son beau-frère Louis II le Bègue en 879, une partie de ses descendants fit souche dans le Vaucluse et la Drôme, où ils devinrent probablement les seigneurs de Bollène (1), d’où le nom de Bouillanne (Abolena, de Bollanicis). Le Prieur de Bollène, Berengarius de Bollène, est nommé dans le Cartulaire de Richerenches. D’ailleurs, une charte du Cartulaire de Léoncel, celle « d’Adhémar Richau de Rouisse et de quelques autres au sujet d’Ambel », datée du 21 septembre 1245 et traitant de la confirmation d’une donation au monastère, cite parmi les témoins un dénommé Umberto de Bollana, Humbert de Bouillanne. (2)

Le Cartulaire de Richerenches est le plus ancien des sept cartulaires des ordres militaires de la Provence occidentale et de la Basse vallées du Rhône, quatre de l’Hôpital et trois du Temple, dont les dates de confection s’échelonnèrent entre le milieu du XIIe et le milieu du XIIIe siècle. Le Cartulaire de Richerenches a été réalisé progressivement dans le troisième quart du XIIe siècle. Il contient non seulement les actes relatifs à la commanderie templière elle-même, mais aussi dix actes concernant Roaix, qui en dépendait avant de devenir une maison autonome en 1148. (3)

La commanderie de Richerenches

La Commanderie de Richerenches est une commanderie templière du XIIe siècle. Elle est située au centre de la commune de Richerenches, village provençal d’environ 600 habitants dans l’Enclave des papes (morceau de Vaucluse inclus dans le département de la Drôme). La Commanderie de Richerenches fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 28 décembre 1984.

Sceau de Roustan de Comps, Commandeur du Ruou
Sceau de Roustan de Comps, Commandeur du Ruou

La commanderie de Richerenches est fondée en 1136 par le frère templier Arnaud de Bedos, chargé de prospecter en Provence à la recherche de terrains et de recrues. (4) Le lieu-dit Ricarensis (qui donnera le nom de Richerenches) lui est donné par le seigneur local Hugues de Bourbouton, sous l’impulsion de l’évêque Pons de Grillon. Encouragé, il fit venir les frères Guichard et Hugues de Parnac, deux autres chevaliers du Temple. Leur arrivée amplifia le mouvement de donation. Cette même année ce furent 18 seigneurs du Tricastin qui cédèrent aux templiers les biens qu’ils possédaient entre le ruisseau de l’Essonne et l’étang du Grenouillet avec droit de chauffage et droit de pâture.

Parmi les nobles donateurs, nous pouvons citer les sires de Pierrelatte, de Saint-Pastor, de Veteris et de Carbonel. (5) Arnaud de Bedos accepta d’être le premier commandeur du nouvel établissement templier de Richerenches. (6)

Blason de la ville de Richerenches (Vaucluse)

L’ordre du Temple y fait construire une ferme fortifiée (Mas) ainsi qu’une chapelle achevée en 1147. L’ordre fait également assécher les marais environnants. En 1138, « Richerenches » devient une commanderie avec sous ses ordres de nombreuses autres maisons de Provence. L’agrandissement sera constant, à partir de cette période. La commanderie deviendra préceptorie et étendra donc ses possessions. Elle exerça des droits suzerains sur les commanderies de Visan, Sainte-Cécile-les-Vignes, Grillon, Valréas, Buisson, Bouchet, Cairanne (dont on peut voir encore l’église romane et le « Donjon des Templiers ») et Saint-Paul-Trois-Châteaux.

L’activité de cette commanderie est axée sur la culture du blé et de la vigne ainsi que sur l’élevage de chevaux et de moutons. Richerenches est alors réputée pour la qualité de ses chevaux, tous destriers de guerre, solides physiquement, dont la quasi-totalité était envoyée en Terre sainte. En 1139, le seigneur Hugues de Bourbouton se fait templier, cède à l’Ordre tous ses biens et terrains, et, est nommé commandeur de Richerenches cette même année.

En 1230, un conflit s’éleva entre le précepteur Bertrand de la Roche et Geoffroy, l’évêque du Tricastin. La discorde avait comme motif la jouissance des pâturages de la Baume-de-Transit. Il fallut l’arbitrage de Jean des Baux, dit de Baussan, évêque de Toulon, pour réconcilier les deux parties. Guigues Adhémar, Grand Maître de la Milice de Provence, en présence de De Guillaume Hugolin, précepteur du Temple de Richerenches, et de tous les commandeurs, rendit hommage, en 1290, au pape de tous les biens templiers entre les mains de Philippe de Bernisson, nouveau recteur du Comtat Venaissin.

Carte de Richerenches


Lors de la dissolution de l’Ordre du Temple, au Concile de Vienne, en 1308, ces terres furent données aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem puis au pape Jean XXII en juin 1317.

Les Papes délaissèrent à leur tour Richerenches, pratiquement inhabité. Il fut acheté en 1476 par le Cardinal Julien de la Rovere (futur Pape Jules II) qui le céda à sa fondation : le Collège de Roure. (7)

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Les armes de Richerenches peuvent se blasonner ainsi : « D’argent au chêne de sinople, fruité de sable ». Ce sont les armes de Giuliano della Rovere, futur pape Jules II, Rovère désignant le chêne rouvre nommé roure en provençal.

La prophétie de saint Malachie (ou prophétie des papes) attribue au pape Jules II la devise « Fructus Jovis juvabit » (Le fruit de Jupiter aidera). Il était le neveu de Sixte IV (1471-1484) qui promulgua la bulle « Aeterni regis » le 21 juin 1481, établissant un premier partage du monde entre Espagne et Portugal, et qui ouvrit toutes grandes les portes à la mission de Christophe Colomb, sous l’égide de l’Ordre du Christ, un ordre portugais qui reçut en dévolution les biens de l’ordre du Temple après leur disparition en 1312.

Le blason de Sixte IV se lit aussi comme suit : « d’azur au rouvre d’or aux rameaux passés en sautoir ». La famille Della Rovere est une famille noble italienne originaire du Piémont qui s’illustra dans l’histoire de l’Italie au cours de plusieurs siècles.

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RÉFÉRENCES :

  1. L’origine de la famille De Bouillanne [1ère partie].
  2. Gazette de l’Ours – Introduction de l’historien Michel Wullschleger.
  3. Les cartulaires, actes de la table ronde organisée par l’Ecole nationale des chartes et le G.D.R. 121 du C.N.R.S (Paris 5-7 décembre 1991), réunis par Olivier Guyotjeannin, Michel Parisse et Laurent Morelle (Genève et Paris : Librairie Droz et Librairie H. Champion, 1993 ; in-8°, 519 pages, planches, cartes, figures [Mémoires et documents de l’Ecole des chartes, 39].
  4. Les Templiers en Provence. Formation des Commanderies et répartition géographique de leurs biens.
  5. Les Templiers et les Hospitaliers, des moines soldats en Provence.
  6. La France Médiévale – Art et Histoire.
  7. Office de Tourisme de Richerenches – Commanderie Templière.
  8. Le site du Projet Beaucéant.
  9. Les Amis du Patrimoine des Ordres Religieux.

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Jos Dumais
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