Le Canada émet une “obligation de souveraineté de l’Ukraine” pour que les Canadiens puissent soutenir directement l’Ukraine contre la Russie

Le 19 novembre 2022, j’écrivais sur les réseaux sociaux comme Twitter et VKontakte que j’allais avoir une très mauvaise nouvelle à annoncer concernant le Canada. J’écrivais : « Je me sens de plus en plus en danger ici… Je suis dans la gueule du loup. » Cela ne signifie pas que je vis constamment dans la peur. Non, pas du tout. En fait, je n’ai peur d’à peu près rien. Par contre, j’ai des inquiétudes très justifiées et ces inquiétudes devraient être partagées de la même façon par tous les Canadiens. Vivre au Canada devient en effet très inquiétant. Encore plus pour moi, alors que mon nom a été ajouté à la « liste des personnes à tuer » de Myrotvorets en Ukraine. Certaines personnes pourraient me demander pourquoi je devrais m’inquiéter alors que je vis à 7 091 kilomètres de Kiev. Nous verrons ci-dessous que nous ne sommes pas si loin des troubles qu’on pourrait le croire au premier abord. Pour le moment, je ne connais qu’une seule autre canadienne qui soit inscrite sur cette liste ukrainienne. Il s’agit de la journaliste et blogueuse Eva Karene Bartlett. Celle-ci habite actuellement à Moscou. Lors d’une conférence organisée par l’Institut Schiller, Eva Bartlett a dit exactement ce que je pense moi-même : « Le Canada appuie inconditionnellement l’Ukraine. Le Canada a financé l’Ukraine jusqu’à 1 milliard de dollars. Le Canada a formé des soldats ukrainiens, dont Azov, et les Canadiens eux-mêmes sont allés se battre en Ukraine. S’ils n’avaient pas déjà cette idéologie nazie, certainement après avoir été en Ukraine et endoctrinés par les nazis là-bas, les Canadiens qui reviennent au Canada auront presque certainement cette idéologie. »

« Si, en tant que journaliste et citoyenne canadienne, je devais revenir au Canada, je n’ai aucune idée de ce que certains de ces Canadiens ukrainiens de type nationaliste me feraient. Mais je suis certaine que le gouvernement canadien ne me protégerait pas du tout. » — Eva Karene Bartlett

Dans un communiqué publié le 28 octobre dernier en provenance du Bureau du premier ministre, le gouvernement admet qu’entre 2015 et 2022, le Canada a formé plus de 33 000 membres des forces de sécurité ukrainiennes (incluant le Bataillon néonazi Azov) dans le cadre de l’opération UNIFIER. Le Canada s’est engagé à fournir une aide financière de 2 milliards de dollars à l’Ukraine cette année, dont la totalité a déjà été versée. Cette somme s’ajoute à une aide de près de 1,5 milliard de dollars engagée, notamment une aide militaire, 320 millions de dollars pour des interventions humanitaires et des mesures d’immigration. Le Canada apporte également de l’aide par le biais d’importantes institutions financières internationales, notamment le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Depuis le début de la guerre, ces trois institutions ont engagé collectivement plus de 28,5 milliards de dollars pour soutenir les Ukrainiens.

Le gouvernement du Canada est définitivement pro-Ukraine, et je dirais même avec plus de précision pro-Bandera et pro-Zelensky. Nous savons que le grand-père ukrainien de la vice-première ministre du Canada, Mykhailo Chomiak, était un collaborateur nazi de haut niveau. Du début de 1940 aux premiers mois de 1945, il a été rédacteur en chef du seul journal de langue ukrainienne autorisé à publier dans la Pologne occupée par les nazis. Alors qu’elle était étudiante en échange en Ukraine à la fin des années 1980, les autorités soviétiques ont qualifié Chrystia Freeland de « fauteuse de troubles bien connue ». Le 27 février 2022, Freeland a été surprise en train de brandir la banderole de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), une organisation fasciste ukrainienne qui a collaboré avec l’Allemagne nazie. Sa mère, Halyna Chomiak Freeland, était quant à elle une avocate et militante. De 1992 à 2002, elle a participé à la rédaction de la Constitution de l’Ukraine et de ses codes de procédure civile et pénale.

Et maintenant, nous apprenons que Washington fait la promotion de la vice-première ministre du Canada comme sa « candidate principale » pour succéder à Jens Stoltenberg au poste de secrétaire général de l’OTAN lorsque le mandat du Norvégien expirera en septembre 2023. Si Chrystia Freeland est nommée à ce poste clé, les relations tendues entre la Russie et le Canada seront irréversibles, ce qui pourrait nous amener tout droit vers une guerre ouverte et revancharde. Mais il y a pire. Le 28 octobre 2022, le premier ministre du Canada a participé au XXVIIe Congrès triennal des Canadiens d’origine ukrainienne où il a annoncé de nouvelles mesures pour continuer à soutenir le peuple ukrainien. Justin Trudeau a annoncé que le gouvernement du Canada émettra des obligations de souveraineté de l’Ukraine qui permettront aux Canadiens de soutenir directement l’Ukraine. L’obligation à 5 ans, d’une valeur de 500 millions de dollars, libellée en dollars canadiens, sera émise à la fin du mois de novembre.

Sous réserve des négociations avec l’Ukraine, une somme équivalente à la valeur du produit de l’obligation sera transférée à l’Ukraine par l’intermédiaire du compte pour l’Ukraine administré par le Fonds monétaire international (FMI) – le Canada a joué un rôle de premier plan dans la création de ce compte. Les fonds aideront le gouvernement ukrainien afin qu’il puisse poursuivre ses opérations face à l’« invasion » menée par la Russie, notamment en offrant des services essentiels aux Ukrainiens comme leurs prestations de retraite, en veillant à ce qu’ils puissent se procurer du carburant avant l’hiver, et remettre en état l’infrastructure énergétique. Le gouvernement du Canada s’est associé aux institutions financières participantes pour offrir aux Canadiens l’occasion d’acheter une obligation de souveraineté de l’Ukraine, dont la valeur nominale est de 100 $.

L’obligation de souveraineté de l’Ukraine s’ajoute à l’aide financière directe de 2 milliards de dollars que le gouvernement du Canada a accordée à l’Ukraine jusqu’à présent cette année, somme qui a déjà été entièrement décaissée. Le Canada s’est également engagé à verser à l’Ukraine, cette année, plus de 2,5 milliards de dollars en aide militaire et humanitaire et pour le développement. Cette somme porte la contribution du Canada à plus de 5 milliards de dollars en 2022.

Comment l’obligation de souveraineté de l’Ukraine fonctionnera

Les obligations du gouvernement du Canada sont des titres de créance émis par le gouvernement pour recueillir des fonds. L’investisseur obligataire prête de l’argent au gouvernement du Canada, qui s’engage de son côté à lui verser des intérêts à des dates précises et à rembourser le capital investi en entier à la date d’échéance fixée.

Les Canadiens qui investissent dans l’obligation de souveraineté de l’Ukraine achètent, en réalité, une obligation ordinaire à 5 ans du gouvernement du Canada au taux de rendement actuel d’environ 3,3 %, sous réserve des conditions du marché au moment de l’émission. De plus, pour que les investisseurs aient confiance dans la sécurité de leur placement, l’obligation de souveraineté de l’Ukraine sera soutenue par la cote de crédit triple A du Canada. Les personnes qui auront investi dans l’obligation recevront des intérêts deux fois par année, soit le 24 février et le 24 août, jusqu’à ce qu’elle arrive à échéance en 2027. Par exemple, un placement de 1 000 $ au taux de 3,3 % devrait offrir un rendement de 16,50 $ deux fois par année, soit en février et en août, jusqu’en 2027.

L’obligation arrivera à échéance le 24 août 2027, jour de l’indépendance de l’Ukraine et date à laquelle les détenteurs d’obligations recevront le remboursement intégral de leur investissement initial. Mais il y a un bémol à tout cela. Comme l’écrit Louise Manga dans une lettre publiée dans le journal Le Devoir, « les Canadiens ont besoin qu’on leur explique plus clairement la proposition du gouvernement fédéral de vendre des obligations en faveur de l’Ukraine. » Elle poursuit ses interrogations :

« Traditionnellement, les obligations sont utilisées pour financer des infrastructures. Par exemple, en mars de cette année, le Canada a émis des obligations vertes à hauteur de 5 milliards de dollars pour financer des investissements dans des infrastructures vertes et d’autres projets ayant pour but de contrer le changement climatique et de protéger l’environnement. Le gouvernement projette d’en émettre davantage. Étant donné le statut de premier ordre (AAA) du Canada, des investisseurs étrangers ont reconnu là un bon investissement et constituent 45 % du bassin d’investisseurs.

« Alors, quels sont les rouages de cette proposition d’obligations pour aider l’Ukraine ? Trudeau a déclaré que ces obligations seraient tout comme des obligations ordinaires à cinq ans. Ce qui veut dire que le gouvernement canadien vend les obligations et recueille les fonds à donner aussitôt à l’Ukraine. Le gouvernement paiera chaque année aux acheteurs un intérêt sur les obligations. Et lorsque les obligations arriveront à maturité, dans cinq ans, le gouvernement remboursera les acheteurs. Rappelons que les acheteurs d’obligations peuvent être des investisseurs étrangers à la recherche d’un retour sans risque sur leur investissement.

« Comment le gouvernement remboursera-t-il les acheteurs d’obligations ? D’où viendra l’argent ? Le gouvernement devrait emprunter l’argent, ce qui contribuerait à l’alourdissement de la dette nationale. Et cet argent, bien sûr, ce seraient les contribuables qui le fourniraient. À première vue, il semble qu’il s’agisse d’un cadeau donné à l’Ukraine maintenant, payé par les acheteurs maintenant. Mais en réalité, c’est un cadeau que les contribuables canadiens paieront dans cinq ans. »

Ai-je raison d’avoir quelques inquiétudes ? Ai-je raison d’écrire : « Je me sens de plus en plus en danger ici… Je suis dans la gueule du loup » ? Selon le recensement de 2016, 1 359 655 Canadiens et Canadiennes (soit 3,8 % de la population) sont d’origine ukrainienne. Loin de moi l’idée de mettre tous les Ukrainiens dans le même panier, mais nous savons qu’il y a toujours des extrémistes à quelque part, et ces extrémistes voyagent. Récemment, nous avons appris que quatre personnes ont été arrêtées en Italie et conduites en prison pour association à des fins de terrorisme ou de subversion de l’ordre démocratique. « Les nombreux services techniques de collecte ont également révélé la volonté déclarée de certains des suspects de mener des actions violentes flagrantes, à la fois contre des civils et contre des membres des forces de police », explique la préfecture de police de Naples. Des contacts directs et fréquents avec des formations ultranationalistes ukrainiennes telles que le Bataillon Azov, Secteur Pravi, Centuria, « probablement en vue d’éventuels recrutements » ont émergé et l’un des suspects, actuellement indisponible se trouve en Ukraine, précisément avec le bataillon Azov.

En 2014 et 2016, Chrystia Freeland a défilé et promu le Festival ukrainien de Toronto, dont les efforts de collecte de fonds de Right Sector Canada, un groupe néo-nazi. Leur objectif était d’acheter du matériel militaire pour leurs combattants en Ukraine. Je ne suis donc pas si loin du nid de guêpes.


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Teo
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